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partiellement M. le chancelier. J’espère que par là M. le chancelier verra combien il était peu équitable de nous considérer comme des ennemis de l’Empire. Allant plus loin, j’espère qu’il voudra s’émanciper de ses bureaux, en ce qui regarde les questions religieuses, comme il s’en est émancipé pour les questions économiques, et qu’il mettra le Centre en mesure de soutenir absolument et en toute circonstance le gouvernement ; mais à présent le Centre ne peut pas soutenir ce qui détruit nos intérêts les plus saints, les plus chers.


Ce discours pris en bloc, avec tous ses replis, avec toutes ses réticences, laissait comprendre que pour le débat douanier, la « constellation politique nouvelle » était formée. Mais elle serait éphémère ; la rendre plus stable, plus permanente, cela dépendrait de la volonté de Windthorst, et de la politique ecclésiastique du chancelier.

Cette permanence, cette stabilité, n’étaient intéressantes que pour après-demain ; Bismarck en tout eus, pour demain, était sûr du Centre. La Commission douanière, nommée le 14 mai, et qui comprenait 18 protectionnistes contre 6 libres-échangistes, élut un conservateur comme président, et puis, comme vice-président, Franckenstein : le Centre, pour la première fois, prenait place au bureau d’une importante commission du Reichstag. Quelques jours se passaient, et c’était dans le bureau même de cette Assemblée que, d’un bond soudain, Franckenstein pénétrait ; il obtenait une vice-présidence, à côté du nouveau président Seydewitz, conservateur, connu par ses votes contre le Culturkampf. Les nationaux-libéraux disparaissaient du bureau du Reichstag : Herbert de Bismarck avait pris une part active à ce petit coup d’État. La Nouvelle Presse libre, de Vienne, renonçait à comprendre : elle voyait les hobereaux et les Romains rentrés en faveur, les libéraux débordés, et exclus de toute coopération au développement de l’Empire ; il y a cinq ans, gémissait-elle, quiconque eût prévu un tel changement aurait passé pour fou : aujourd’hui, le fou, c’est celui qui parle encore sérieusement du parlementarisme allemand.

Le Centre acceptait, coquettement, les grandeurs vers lesquelles on le hissait ; il était, en principe, partisan du revirement économique, c’était chose entendue. Mais non moins coquettement, il faisait des réserves de détail, il arguait de certaines impossibilités ; il ne voulait pas de lois fiscales qui fortifiassent, dans l’Empire, les courans unitaires, et par lesquelles