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constructeurs d’aéroplanes vers un but différent de celui qu’ils avaient poursuivi jusqu’à présent. Les organisateurs des grandes épreuves d’aviation, meetings ou circuits, désirant passionner l’opinion publique, devaient forcément établir leurs programmes en vue de mettre en lumière les qualités les plus frappantes, et la vitesse avant toutes les autres. Que Beaumont ait mis quatre heures de moins que son concurrent le plus rapide après lui, pour parcourir les 1 750 kilomètres du Circuit Européen, c’est une chose qui frappe tout le monde ; le public se serait infiniment moins intéressé si on lui avait dit que le vainqueur du circuit était celui qui avait embarqué à son bord 275 kilos de sable au lieu de 250.

L’administration de la Guerre n’avait donc pas à se préoccuper de pousser à la construction des monoplaces rapides, que l’industrie lui procurait sans avoir besoin d’être sollicitée par elle ; mais si elle voulait avoir des appareils à grande capacité de transport, elle devait en provoquer la construction, et ce fut le but du concours militaire qui vient de se clore.

Malgré les critiques dont elle a été l’objet, nous croyons qu’en cela l’Inspection permanente d’Aéronautique militaire a eu une claire vision des besoins de l’armée, et qu’en organisant ce concours pour ses débuts, elle fit un véritable coup de maître.

Si les monoplaces peuvent être suffisans, en effet, pour les reconnaissances à faible durée, les biplaces sont indispensables pour les reconnaissances plus étendues. Mais le rayon d’action de ces appareils, tels que nous les possédons aujourd’hui dans l’industrie, est encore limité et insuffisant. Lorsqu’on voudra exécuter de véritables reconnaissances stratégiques comportant, même à la vitesse moyenne de 100 kilomètres qui est considérable, une durée de fi heures, le même pilote et le même observateur ne pourront pas fonctionner tout le temps ; il faudra assurer la relève, et dans le numéro de la Revue du 1er septembre 1910, j’estimais que, pour de semblables reconnaissances, les aéroplanes devraient embarquer un équipage de quatre personnes, deux pilotes et deux observateurs, se relayant à tour de rôle.

L’aéroplane qui remplacera ultérieurement le dirigeable devra donc être au minimum un quadriplace, capable de parcourir 600 kilomètres d’une traite.

Pouvait-on il y a un an espérer un pareil résultat ? Je ne le