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il s’instruit dans la science de l’organisation et dans la psychologie du personnel, ce qui lui permettra plus tard d’accepter le redoutable mandat de 1870. Il rentre ensuite au service de l’État, va surveiller en Angleterre la fabrication des rails destinés au chemin de fer du Mexique, puis reçoit une mission plus haute, celle d’enquêter sur les procèdes mis en œuvre pour assainir les fabriques et les centres populeux, car le gouvernement impérial voulait introduire en France les réformes qui passionnaient nos voisins. Dans cette tâche difficile et délicate, M. de Freycinet fut secondé par des hommes d’une grande autorité, tels que le docteur Angus, Smith, Letteby, Roscoë, Hoffmann et Franckland. Il rentre en France en 1863, après avoir visité des centaines d’établissemens industriels et remet au ministre des rapports substantiels qui, ajoutés à ceux qu’il eut à faire après d’autres missions semblables en Belgique, en Prusse et en France, devinrent les excellens et si utiles Traités d’assainissement industriel et d’assainissement municipal imprimés en 1869, et dont M. Gréard a pu dire en 1891 à l’Académie française que le fond autant que la forme de ces écrits avaient valu à leur auteur sa légitime entrée à l’Académie des Sciences.

L’idée d’une sage décentralisation, suivie au milieu de ces travaux, hantait l’esprit de M. de Freycinet, ennemi du formalisme et des complications administratives. M. Duvergier, président de section au Conseil d’État, l’encourageait fort à ces études. Le 22 février 1870, parut au Moniteur universel un décret organisant une Commission de décentralisation présidée par Odilon Barrot. M. de Freycinet y figurait à côté de Prévost-Paradol, Dupont-White, Maxime du Camp, Lavergne, Raybaud, W. Waddington, Drouyn de Lhuys, Aucoc, Barante et autres notabilités. La Commission installée au quai d’Orsay, dans la grande salle du Conseil d’État, se mit à l’œuvre et élabora un plan des plus hardis qui devait servir de base à la loi votée par l’Assemblée nationale. Mais au commencement du mois de juillet 1870, les travaux pacifiques de la Commission furent interrompus par le terrible orage qui allait fondre sur la France.

M. de Freycinet résume, en quelques lignes saisissantes, la situation du gouvernement et du pays dans les six semaines qui précédèrent la chute de l’Empire. La faiblesse de l’Empereur,