Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 7.djvu/878

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Vos monumens tumultueux,
Beaux comme des tiares de pierre,
Les hauts cyprès des cimetières,
Et le soir, la calme lumière
Sur les tombeaux voluptueux.

Les quais crayeux où les boutiques,
Regorgeant de fruits noirs et secs.
Affichent la noblesse antique
Du splendide alphabet des Grecs ;

L’étincelante ardeur du sol,
Où passent, riches caravanes.
Des mules vêtues en sultanes
Trottant sous de blancs parasols,

Toutes ces beautés étrangères
Que le cœur obtient sans effort,
N’ont que des promesses de mort
Pour une âme intrépide et fière,

Et j’ai su par ces chauds loisirs.
Par ce goût des saveurs réelles,
Qu’on était, parmi vos plaisirs,
Plus loin des choses éternelles
Qu’on ne l’était par le désir !…


EN ÉCOUTANT SCHUMANN


Quand l’automne attristé, qui suspend dans les airs
Des cris d’oiseaux transis et des parfums amers
Et penche un blanc visage aux branches décharnées.
Reviendra, mon amour, dans la prochaine année,
Quels seront tes souhaits, quels seront mes espoirs ?
Rêverons-nous encor tous deux comme ce soir
Dans la calme maison qu’assaille la rafale,
Où l’humble cheminée, en rougeoyant, exhale