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pour 100 de candidats reçus. Le latin-langues n’en donnait que 41 et la section sciences-langues vivantes 38.

Cependant, à bien des égards, l’enseignement classique est traité comme s’il fallait lui faire payer cette supériorité. Pourquoi, dans les débuts, cette obligation imposée aux enfans, de choisir entre un enseignement avec latin et un enseignement où le latin est remplacé par un surcroît de calcul et de sciences naturelles ? On est ici au lycée, ne l’oublions pas, c’est-à-dire dans un établissement où l’on sait que les familles pourront faire faire à leurs enfans des études prolongées. Comme me le fait observer un père de famille qui est en même temps un très savant économiste, c’est la seule chose dont on soit sûr, et c’est la seule dont on ne tienne pas compte dans cette spécialisation prématurée. On veut, dit-on, que les élèves puissent venir au lycée pour un temps et s’en aller ensuite, à leur guise, avec un bagage soi-disant complet, et on veut aussi qu’ils puissent à leur fantaisie passer d’une section dans une autre. Mais ce ne sont là, — l’expérience le prouve, — que des abandons ou des changemens de vocation bien accidentels ; il est désastreux de disposer tout un ensemble de manière à sacrifier ceux qui restent, c’est-à-dire la très grande majorité, au petit nombre de ceux qui quittent des études une fois commencées.

Il faut, paraît-il, que les élèves des écoles primaires puissent venir, à un moment donné, dans telle ou telle section sans s’y trouver ni dépaysés, ni surmenés, ni menacés d’infériorité, et il faut que ceux d’entre eux qui voudront partir plus tôt que les autres ne s’en aillent point sans avoir acquis, par exemple, une connaissance suffisante, — dit-on, — de l’histoire tout entière. C’est pourquoi on commence par enseigner aux enfans l’histoire universelle en deux ans (toute l’histoire ancienne des peuples de l’Orient, toute l’histoire grecque et toute l’histoire romaine en une année). Pour les élèves qui continueront leurs études, on recommencera l’histoire universelle. C’est là une pratique qui sacrifie absolument l’éducation historique des uns comme celle des autres ; car de ces notions superficielles que peut-il rester ? On commence par tout effleurer ou plutôt par tout déflorer, sans attendre que d’autres études aient provoqué la curiosité de l’élève et lui rendent plus facile la compréhension des événemens.

C’est ce qu’on fait d’ailleurs pour beaucoup de notions