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FRANCE ET ALLEMAGNE

II[1]
1898-1912


IV

Le traité du 14 juin 1898, signé par M. Hanotaux quelques jours avant la démission du Cabinet Méline, avait réglé la question du Niger ; celui du 21 mars 1898, reconnaissant la prépondérance anglaise dans le Darfour et le Bahr-el-Ghazal, nous fermait l’accès de la vallée du Nil, Ces deux conventions achevaient de régler, tant bien que mal, entre l’Angleterre et la France, la longue série des litiges coloniaux ; le partage de l’Afrique était désormais, dans ses grandes lignes, un fait accompli. Nous avions fait de grands sacrifices, mais il nous restait un empire qui, seul de tous les empires africains, s’étendait d’un même bloc de la Méditerranée au Congo et du Sénégal au Ouadaï ; nous pouvions oublier les passions soulevées pendant la période aiguë de la rivalité et laisser s’apaiser peu à peu les défiances et les rancunes. Le terrain se trouvait déblayé pour un rapprochement franco-anglais ; il devenait possible ; il paraissait même probable à qui était averti de l’orientation nouvelle de la politique britannique et voyait grandir la rivalité de l’Allemagne et de l’Angleterre.

Si l’on veut se rendre un compte exact du mécanisme des

  1. Voyez la Revue du 1er mars.