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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La convention franco-allemande du 4 novembre dernier reconnaissait par avance l’établissement de notre protectorat sur le Maroc ; mais ce protectorat, il restait à lui donner une forme correcte, et c’est ce qu’un traité avec l’Allemagne n’avait pas pu faire : il en fallait un avec le Sultan. Ce traité a été signé à Fez le 30 mars. M. Regnault n’a certainement pas eu beaucoup de peine, ou même il n’en a eu aucune à obtenir la signature de Moulaï-Hafid, qui nous doit le maintien de son trône et probablement la conservation de sa vie. Comment aurait-il pu faire une objection au traité que nous lui présentions ? Il l’a probablement signé les yeux fermés. Ce n’est donc pas un grand succès diplomatique que nous venons de remporter, ou plutôt le succès n’est pas dans la signature du traité, mais dans les événemens qui l’ont préparée et rendue facile. Le 30 mars n’en ouvre pas moins une période nouvelle dans l’histoire de la France et du Maroc. Pendant plusieurs années, nous avons en quelque sorte tourné autour du protectorat dont les uns voulaient chez nous et dont les autres ne voulaient pas. Nous étions de ces derniers ; nous aurions préféré pour notre influence au Maroc un autre mode d’action où les responsabilités auraient été moindres ; mais, les premiers l’ayant emporté, la question est tranchée, et la seule qui se pose aujourd’hui est de savoir si le traité de Fez nous donne, avec des garanties suffisantes, un protectorat effectif.

À cette question tout le monde, ou peu s’en faut, a fait la même réponse affirmative. Le traité du 30 mars a été l’objet d’une approbation presque générale, et il la mérite. Il est court, n’ayant que 8 articles, et il dit tout ce qu’il fallait dire. Les partisans du protectorat, qui se sont si souvent montrés difficiles, pointilleux, difficultueux se sont cette fois déclarés satisfaits : nous aurions donc mauvaise