Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 9.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faire manœuvrer à l’abri ses réserves. Là ses divisions pouvaient combiner leur action, produire un effort d’ensemble, pour résister d’abord, pour passer à l’offensive ensuite, l’ennemi, obligé, pour aborder le plateau, de gravir des pentes abruptes et boisées, ne pouvait y arriver que désuni, et surtout dans des conditions rendant extrêmement difficile la mise en action de son artillerie[1].

Frossard entoura son armée de travaux comme une forteresse ; il ordonna de remuer de la terre, d’envelopper d’une tranchée-abri, en forme de fer à cheval, le contrefort de l’Eperon et la brigade Jolivet ; il fit construire un épaulement pour quatre pièces ; enfin, il fit exécuter par le général Dubost, commandant du génie, un retranchement rapide d’environ mille mètres de développement, barrant la route de Sarrelouis. On se barricada de toutes parts. Soit qu’on n’y eût pas pensé, soit qu’on ne s’en fût pas cru le moyen, on négligea d’occuper le petit bois en avant de Stiring, entre le chemin de fer, la route et Drahtzug (Stiringer Waldstück) d’où des tirailleurs embusqués pouvaient fusiller de près notre artillerie et notre infanterie.

Bazaine, à deux heures cinquante du matin, télégraphia à Frossard l’avis, qu’il venait de recevoir du quartier général, de la concentration des forces allemandes vers Sarrelouis et Sarrebrück. Il lui recommandait de redoubler d’attention aux avant-postes, et lui faisait connaître l’emplacement de trois de ses divisions, Metman, Castagny, Montaudon, à Marienthal, Puttelange, Sarreguemines, ce qui signifiait : « Disposez de ces divisions si c’est nécessaire. »


II

Le plan fondamental de Moltke ne prévoyait aucune action sur la Sarre avant le 9 août, lorsque les troupes de Frédéric-Charles, complètement déployées hors de la zone boisée du Palatinat, auraient pris un peu de repos. Le 9 seulement, six corps de Steinmetz et Frédéric-Charles, ayant en deuxième ligne trois corps (Ier, IXe, XIIe) devaient franchir ensemble la frontière, derrière laquelle ils s’attendaient à une sérieuse résistance.

  1. Colonel Maistre, Spicheren.