Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 9.djvu/189

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

on évaluait aux deux cinquièmes du total, soit près de 2 milliards de couronnes (2 100 millions de francs), les rentes hongroises détenues par des Allemands, des Français, des Anglais et des Hollandais[1]. Sur un milliard d’actions de préférence et d’obligations de chemins de fer hongrois, plus de 75 pour 100 étaient à l’étranger. Il faut se souvenir que ce vocable est appliqué par les Hongrois à l’Autriche aussi bien qu’à toute autre contrée en. dehors de la Transleithanie. La même proportion, des trois quarts environ, était celle des obligations foncières et municipales du royaume de Saint-Etienne qui n’appartenaient pas à des nationaux. Ceux-ci avaient également fait appel, dans une large mesure, à des concours extérieurs pour l’organisation de leur industrie, la création d’usines et de fabriques, la constitution ou le développement des banques. Si l’on additionne les sommes dont la Hongrie est annuellement tributaire vis-à-vis de ses créanciers autrichiens et européens, on trouve que, déjà en 1905, elles s’élevaient à :

¬¬¬

200 millions de couronnes pour la Dette publique ;
28 pour le service des titres de chemins de fer ;
66 pour l’intérêt des obligations foncières et municipales ;
23 pour l’amortissement des obligations foncières et municipales ;
28 pour les dividendes d’actions ;
16 pour les intérêts de lettres de change ;
21 pour la rente de terres appartenant à des étrangers ;
58 pour la quote-part des dépenses communes avec l’Autriche ;
9 pour la liste civile de l’empereur-roi ;
12 pour les bénéfices d’industries appartenant à des étrangers,
soit au total :
461 millions de couronnes, ou 184 millions de francs.


Ce demi-milliard a considérablement grossi au cours des dernières années, qui ont été marquées par de nombreuses émissions de rentes, de valeurs du Trésor, d’actions et d’obligations hongroises souscrites sur les places du dehors. Pour s’acquitter, la Hongrie dispose d’un excédent d’exportations, notamment de céréales, et des envois de fonds de ses travailleurs, émigrés aux Etats-Unis ; le nombre, depuis 25 ans, en est évalué à plus d’un million et demi. On accuse la mauvai.se organisation de la propriété foncière d’être la cause de cet exode, qui prive la

  1. Voyez les Questions diplomatiques et coloniales du 16 juillet 1911. — La Situation économique et financière de la Hongrie, par M. Simon Aberdam.