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l’Empire d’Allemagne de 1911 que pour 43 millions de marks, et celui sur les plus-values foncières que pour 39 millions. Encore ce dernier n’a-t-il nullement le caractère d’une charge permanente, puisqu’il se borne à assurer au lise une fraction de l’augmentation de prix d’une propriété, obtenue autrement que par l’effort personnel de celui qui la possède.

Lorsqu’un objet est moins frappé dans un pays que dans un autre, l’écart entre les deux taxations constitue une véritable réserve pour le premier, à condition, bien entendu, qu’il s’agisse de deux nations comparables au point de vue de la richesse et de la civilisation. Si nous appliquons cette méthode à la France et à l’Allemagne, en puisant les chiffres dans les budgets les plus récens, nous trouvons que, par tête d’habitant, les populations respectives étant de 39 et 65 millions d’âmes,

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En France En Allemagne
fr. c. fr. c.
L’alcool fournit 10 3,10
La bière 0,40 2,35
Le vin 1 0,20
Le tabac 13 0,75
Le sucre 4 2,90
Le sel 0,25 1,00
Les allumettes 1,05 1,10
Les droits de douane 14,50 12,15
L’impôt sur les transports 2,10 0,40
L’impôt sur les successions 8 0,75


On voit quelles sommes énormes les Allemands pourraient retirer des seuls impôts sur les successions, le tabac et l’alcool, s’ils voulaient en élever le taux à la hauteur de ceux de la France. Il y aurait là de quoi gager aisément un emprunt de plusieurs milliards, le jour où, en vue d’une circonstance grave, l’Empire ferait un appel au crédit. En imposant l’alcool au taux français, l’Allemagne se procurerait 450 millions par an ; les successions pourraient lui fournir une somme égale ; les transports, plus de 100 millions, la douane 160, le sucre 70, le tabac 7 à 800. Nous savons avec quelle énergie les contribuables germains défendent les objets dv consommation contre les tentatives de taxation nouvelle : il n’en est pas moins certain qu’il y a là, pour le cas où la nécessité de trouver des ressources serait reconnue par le Parlement, des réserves abondantes.

De même que, en ce qui concerne l’évaluation des fortunes