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côté, sont parcourues alternativement par des brises de sens contraire : une brise descendant le long des pentes pendant la nuit, une brise ascendante pendant le jour ; puis, au-dessus des grandes rivières, souffle fréquemment, dans le sens de la pente, un vent descendant qui suit les sinuosités de la vallée ; etc.

Si le vent est ascendant, on peut, en raison des principes de Mécanique invoqués tout à l’heure, le regarder, en direction et en intensité, comme la résultante de deux vents, l’un latéral et horizontal, l’autre vertical et ascendant. Par suite, la dérive correspondante, dirigée suivant une ligne oblique ascendante, pourra être considérée comme la résultante de deux dérives : 1° une dérive latérale horizontale, dont nous venons d’analyser les effets ; 2° une dérive verticale ascendante. Le vent est-il descendant ? il en est de même, sauf que la dérive verticale est descendante. Tout cela importe peu aux dirigeables, qui, grâce à leur « vessie natatoire, » peuvent toujours lutter contre la dérive verticale. Mais tel n’est pas le cas des aéroplanes : la dérive ascendante ne les gêne pas ; mais la dérive descendante, elle, leur produit l’effet d’une lourde masse de plomb qui, si le moteur ne peut fournir un excédent de puissance suffisant, les précipite vers le sol. Bielovucic raconte que, dans le raid Paris-Bordeaux, il fut obligé, aux environs d’Orléans, de monter à 1 500 mètres, pour traverser la Loire. A des hauteurs moindres, non seulement il était irrésistiblement entraîné dans le sens du lit du fleuve, mais, de plus, il était fortement secoué par les remous que produisait la rencontre du vent régnant ce jour-là, un vent du Nord, avec le fleuve aérien qui, au-dessus de la rivière, et avec elle, descendait la vallée. On i)eut se demander à quelle hauteur l’aviateur aurait dû s’élever pour traverser le Rhône un jour de mistral.

Il semble, à présent, que nous pourrions regarder comme achevée la partie de cet article consacrée à l’étude des effets cinématiques que peuvent produire sur un navire aérien quelconque, dirigeable, aéroplane, hélicoptère, oiseau, insecte, etc., les vents, c’est-à-dire les mouvemens de l’atmosphère dont la composante horizontale est la composante dominante. Mais il nous parait difficile, à cette heure, de ne pas consacrer quelques lignes à certaines questions regardées longtemps comme secondaires, mais auxquelles la pratique du vol en aéroplane donne, aujourd’hui, une importance capitale.