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Un point d’abord, que nous avons sciemment laissé de côté, et qui rentre cependant dans notre programme :

Il n’y a guère de vents réguliers qu’aux grandes hauteurs, 1 000, 1 500, 2 000 mètres au-dessus du sol. Mais, au voisinage de la terre, le vent souffle souvent par rafales, qui, lorsqu’elles prennent un aéroplane par l’arrière, peuvent lui faire courir les plus grands dangers. De plus, même quand la vitesse du vent apparaît uniforme, des expériences délicates, mais précises, ont montré que, bien souvent, il n’en est rien et que, presque toujours, elle oscille, à des intervalles de temps très rapprochés, entre des valeurs assez distantes les unes des autres, la vitesse du vent, c’est-à-dire la vitesse des trajectoires parallèles que décrivent les particules de la masse d’air en mouvement, ne correspondant, en définitive, qu’à une moyenne. Ainsi, lorsque les anémomètres d’un aérodrome indiquent un vent de 10 mètres, il doit être entendu, une fois pour toutes, que ce chiffre n’est qu’une moyenne et qu’à tout moment la vitesse instantanée de ce vent peut, par exemple, ou être inférieure à 6 mètres, ou dépasser 14 mètres. C’est du reste l’existence de ces pulsations, qui rend scabreux le vol en aéroplane dès que la vitesse moyenne du vent dépasse 12 mètres, et qui explique la rapidité avec laquelle, aux environs de ce chiffre, se fatigue la membrure de ces machines.

Seulement ces pulsations, si longtemps insoupçonnées, les bouffées, les rafales du vent, les remous qu’engendre, comme nous l’avons vu tout à l’heure, la rencontre de deux ou plusieurs courans aériens, ne sont ()as les seuls phénomènes qui méritent de solliciter l’attention :

Par les plus beaux jours, le calme de l’atmosphère peut n’être qu’apparent. D’abord, si faible que soit la brise, il est prouvé que les inégalités du sol, les grandes constructions isolées, engendrent des remous verticaux qui produisent leur maximum d’effet au double, environ, de la hauteur de l’obstacle, 50 mètres, par exemple, si celle hauteur est de 20 mètres. Ensuite, par temps calme, surtout par temps calme, des mouvemens de convection, analogues à ceux qui se produisent au sein d’une masse d’eau chauffée à sa partie inférieure, peuvent troubler l’atmosphère : H. Maxim a depuis longtemps signalé les colonnes d’air verticales, alternativement ascendantes et descendantes qui, par un beau soleil, peuvent se former en masse au-dessus de la mer