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II

Il ne tardera pas à prendre fin : 1° parce que d’ores et déjà, avec des cerfs-volans, des ballons-pilote ou à l’aide de dispositifs convenables, tels que ceux dont le principe vient d’être indiqué par M. Chassériaud, et qui, placés aux sommets des pylônes d’un aérodrome, téléphoneront l’état de l’air, au moins dans le voisinage du champ d’aviation, on pourra, à l’instant du départ, être déjà en possession de renseignemens précieux ; 2° parce que, avec le temps, nous aurons des pilotes qui, par suite d’une longue pratique de l’Océan aérien, pourront, après un examen attentif de l’atmosphère, diagnostiquer convenablement son état ; 3° parce que, enfin, la stabilisation des aéroplanes que M. J. Bordeaux vient d’étudier d’une façon si magistrale[1] a tout l’air (le stabilisateur Doutre en fait foi) d’être un problème à la solution complète duquel on touche. Ainsi le moment approche où la question de l’état de l’air, si gênante, si angoissante même, à l’heure actuelle, ne sera plus la principale des préoccupations de nos aviateurs.

Mais, quels que soient leurs perfectionnemens futurs, les machines volantes, tout comme les bateaux les mieux construits, seront toujours susceptibles de se perdre et, par suite, ceux qui les gouverneront devront toujours compter, s’ils veulent diminuer les chances de naufrage, avec les grands météores, tornades, cyclones, dépressions, etc., qui, en tout pays, troublent par moment l’état normal de l’atmosphère et font succéder à un régime de calmes ou de vents modérés des vents de tempête, aussi irréguliers que violens, auxquels nul dirigeable et, à plus forte raison, nul aéroplane ne saurait avoir la prétention de résister. L’art de prédire ces perturbations possibles de l’atmosphère est donc un art ou, si l’on veut, une science dont ne saurait se désintéresser tout aéronaute un peu sérieux. Mais il va de soi qu’ici, dans cette Revue, un exposé un peu complet de cet art, de cette science, ne saurait trouver place. La seule chose faisable est de rappeler, en gros, les règles sur lesquelles repose la prévision du temps pour nos pays, abstraction faite, toutefois,

  1. Étude raisonnée de l’Aréoplane, par M. J. Bordeaux, 1 vol. in-8 (Gauthier-Villars).