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des bords de la Méditerranée, qui se trouvent dans des conditions un peu particulières. Or, chez nous, le régime ordinaire des vents, vents variables, certes, mais plutôt modérés, est à chaque instant bouleversé par la venue des vents intenses et capricieux que nous apportent les dépressions dont l’Atlantique nous gratifie peut-être un peu trop fréquemment, pour nos pilotes de l’air, du moins. C’est donc à une étude rapide de ce genre de météores que nous nous bornerons.

Tout le monde sait, aujourd’hui, que les dépressions sont d’immenses tourbillons aériens dont le diamètre, pour l’Europe, varie de 1 500 à 4 000 kilomètres. Tout le monde sait aussi que le mouvement giratoire à l’intérieur de ces tourbillons se fait autour d’un centre, dit centre de la dépression, où la pression atmosphérique est très basse, 740, 730, 720 millimètres de mercure et même moins, et que, quant aux bords extrêmes de la dépression, ils correspondent à une vaste zone, où la pression atmosphérique est équilibrée par une colonne de mercure de 760 millimètres de hauteur. Le sens des mouvemens de l’air à l’intérieur d’une dépression est moins connu du grand public ; le voici : sur toute l’étendue du continent européen, sur tout notre hémisphère (le contraire a lieu pour l’hémisphère austral) les vents, à l’intérieur d’une dépression, tournent, par suite de la rotation de la Terre, en sens inverse des aiguilles d’une montre, pour un observateur placé au-dessus de la dépression et qui regarderait le sol ; autrement dit, si cet observateur faisait le tour de la dépression du Nord au Sud pour revenir ensuite au Nord, il constaterait que le vent y souffle d’abord du Nord-Est, tourne ensuite à l’Est, au Sud-Est, au Sud, au Sud-Ouest, à l’Ouest, au Nord-Ouest, pour revenir, enfin, au Nord, toutes les directions intermédiaires étant successivement abordées.

En général, après nous avoir assailli par l’Ouest ou le Sud-Ouest, les dépressions restent rarement stationnaires : d’ordinaire, elles se dirigent immédiatement vers l’Est, se propageant à la façon des ondes qui se forment à la surface des eaux, sans qu’il y ait, par conséquent, réellement transport de matière, au contraire de ce qui a lieu avec les courans aériens ordinaires, tels que les vents. Le résultat de cette marche vers l’Est, c’est que, pour un observateur placé à terre au Sud de leur trajectoire, c’est-à-dire au Sud du chemin parcouru par le centre de dépression, le vent souffle d’abord presque exactement du Sud, puis