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persistance du beau temps sous un régime de dépression, apparente anomalie qui tient à ce que la vitesse des vents diminuant du centre aux bords de la dépression, si ce centre est très éloigné, le temps peut rester beau ou à peu près beau. D’autre part, on comprend facilement que plus une dépression, à rayon d’action égal, est « creuse, » c’est-à-dire plus la baisse barométrique à son centre est accentuée, plus les vents engendrés sont violens. Et, même, si la dépression est assez resserrée, on conçoit très bien qu’elle se transforme en tempête, avec des vents de 30, 40 mètres et plus, les vents, en somme, ne tendant à souffler avec modération que lorsqu’une dépression s’étend ou qu’elle est faible, c’est-à-dire peu profonde.

Tout comme les dépressions, les grains ne sont pas des phénomènes localisés, mais, au contraire, comme Helmholtz l’a établi le premier, des météores d’une grande envergure. Un grain est dû, en effet, à l’action d’une immense vague aérienne, dite ruban de grain, formée par une nappe d’air descendante et dirigée de telle sorte que sa vitesse s’ajoute à celle de la dépression qui la transporte, ce qui explique la violence du vent du grain. Cette vague, après avoir heurté le sol, rebondit avec force, et devient ascendante, non sans avoir donné naissance à des remous, à des tourbillons plus ou moins dangereux. Tout semble indiquer, au reste, que cette vague se forme au centre de la dépression qui la traîne, et, de là, s’étend en longueur jusqu’à l’un des bords, en suivant, à quelques sinuosités près, le rayon correspondant. Sur nos contrées, le ruban de grain s’étend, en général, du Nord au Sud, et puisque le diamètre des dépressions y peut varier entre 1 500 et 4 000 kilomètres, nécessairement la longueur de la vague qui constitue le ruban de grain varie de 730 à 2 000 kilomètres environ. C’est assez pour balayer l’Europe.

La largeur du ruban est infiniment moins considérable : 10 à 60 kilomètres, au plus. Voyageant avec la dépression au sein de laquelle il a pris naissance, la vitesse de propagation d’un grain est donc, à très peu près, celle de sa dépression, et par suite, de 24 à 30 kilomètres à l’heure, rarement plus.

Ces notions sommaires exposées, voyons les enseignemens que nous pouvons en tirer pour la Navigation aérienne.

« Se tenir coi » est le conseil le plus sage à donner lors de l’arrivée probable d’une dépression, surtout si elle s’annonce profonde.