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Il se peut, cependant, qu’un aéroplane, qu’un dirigeable, puissent, sans trop de témérité, affronter les airs, mais à condition que la brume ne les gêne pas, que le vent soit relativement doux, ce qui, on l’a vu tout à l’heure, peut arriver. Toutefois, si l’on monte un dirigeable, on doit, s’il est possible, s’assurer que la vitesse du vent ne dépasse pas celle d’une bonne brise, 11 à 15 mètres par seconde, environ, la vitesse propre de ce genre de machines volantes ne dépassant guère, actuellement, 19 à 20 mètres. Avec les aéroplanes actuels, qui peuvent avancer de 23 à 30, 35 mètres par seconde dans le lit du vent, on peut se risquer par de fortes brises, 16 à 20 mètres. Mais il ne faut pas oublier ce qui a été dit plus haut, que par suite des pulsations possibles du vent, l’aéroplane devient assez scabreux à partir des vents de 12 mètres. Les prouesses de quelques aviateurs exceptionnellement doués, si précieux que soient leurs enseignemens, ne sont, après tout, que des prouesses. En tout cas, un pilote sérieux doit, avant le départ, consulter les anémomètres, qui lui donneront la vitesse moyenne du vent au voisinage du sol, observer les nuages flottant un peu bas et, par la mesure approximative de leur vitesse (cette opération est plus facile, plus rapide qu’on ne le pense), en déduire celle du vent aux altitudes qu’il peut être forcé d’atteindre pendant son voyage. Il devra, aussi, tenir compte de ce fait que, dans nos pays, le vent d’une dépression tourne, d’ordinaire, assez lentement, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, et que, par suite son arrivée au Nord -Ouest indique la fin du passage de la dépression.

Mais que faire en présence d’un grain ?

Pour les dirigeables, le bon sens indique qu’ils n’ont qu’à se terrer, si faire se peut ; dans le cas contraire, se transformer en ballons libres, en arrêtant les moteurs, puis monter haut, très haut, là où les vents sont plus violens, mais aussi plus réguliers ; ensuite, se laisser aller et attendre, pour atterrir ou reprendre leur course, le moment favorable. Avec un aéroplane, on peut agir autrement. Un savant météorologiste, M. Durand-Gréville, pense, et nous sommes de son avis, que le pilote a deux partis à prendre : atterrir, s’il le peut ; sinon, foncer sur l’ennemi. Expliquons-nous.

Considérons un aéroplane naviguant, dans nos pays, le cap sur un point plus ou moins situé à l’Ouest et abordé inopinément