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Montaudon était à Grossbliederstroff, lieu désigné par le maréchal, vers sept heures. Mais, entendant toujours le canon, après un court repos, il avait pris sa direction sur Etzling. Au devant de lui accourait un officier tout échauffé qui lui dit : « Courez, courez vite au secours du 2e corps, qui est fortement engagé. » Il le suit ; mais fusillade et canonnade cessent ; la nuit tombe. Il arrête ses troupes en position sans bivouaquer, il charge deux officiers d’aller annoncer à Frossard qu’il est là, compact, à sa disposition. Puis il attend les renseignemens.

Metman au point du jour (7 août, 4 heures) se reforme en colonnes, emmenant le bataillon du 60e et la brigade Juniac. Par un chemin difficile, il gagne la route de Puttelange où il arrive, le même jour, à midi. Castagny se dirige vers Puttelange, son camp de la veille, où il arrive à quatre heures du matin, mais sur l’ordre de Bazaine, il porte son camp à Guenwiller où il arrive à 5 h. 30 du soir. Montaudon, qui avait fini par apprendre le départ de Frossard pour Sarreguemines, ne veut pas, lui non plus, rester isolé. Il craint que Sarreguemines ne soit encombré, il se dirige (1 h. 30 du matin) sur Woustwiller, puis sur Puttelange où il établit ses bivouacs à dix heures du matin. Frossard lui-même ne tarde pas à rejoindre ces divisions. A peine à Sarreguemines, il comprenait la faute qu’il venait de commettre et qui l’exposait à être enveloppé entre deux armées. Il prend un repos et se dirige, lui aussi, sur Puttelange, emmenant la brigade Lapasset. Il s’y établit le 7 août entre onze heures du matin et quatre heures du soir. Ainsi tout ce monde, sans s’être concerté, se trouve réuni à Puttelange, épuisé de fatigue et de besoin. Le hasard opérait une concentration que les généraux n’avaient pas su faire

La Garde avait été ballottée par les instructions de l’état-major dans un va-et-vient exténuant et stérile et avait passé la journée du 6 août dans les perplexités. Le matin, suivant les instructions de la veille, elle s’acheminait sur Courcelles-Chaussy lorsqu’un ordre arrive : « Continuez sur Saint-Avold. » Mais un second ordre survient : « N’y allez pas. » Puis un troisième : « Allez-y ! » Le général Bourbaki, déconcerté, interroge l’officier porteur du dernier ordre : Faut-il qu’il aille, faut-il qu’il reste ? Il se décide à aller. Au moment où il approche, on le rappelle à Metz. Attendez un élan offensif de troupes ainsi conduites !

À cette bataille, les pertes des Prussiens furent supérieures