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groupe les provinces de l’Empire en diocèses et en préfectures. L’ensemble de l’Afrique du Nord forme un diocèse spécial ; la Tingitane en est exclue pour être rattachée au diocèse d’Espagne et à la préfecture des Gaules. Enfin, rappelons la disposition du réseau routier marocain, indépendant du réseau d’Algérie et conçu comme le prolongement direct du réseau espagnol.

Rome avait donc volontairement, nous venons de voir pourquoi, restreint son œuvre politique et civilisatrice au Maroc. Il faut dire aussi que, même dans ces limites relativement étroites qu’elle avait assignées à son action, elle se heurta à de très graves difficultés qu’elle ne réussit jamais à vaincre complètement : configuration du sol peu favorable à la pénétration, manque presque absolu d’outillage économique et surtout mauvais esprit de la population indigène jalousement attachée à ses habitudes traditionnelles de pillage et à ses souvenirs séculaires de liberté. Un pays comme le Maroc, où tout était à faire, ne pouvait se développer qu’au sein d’une paix profonde et durable. Les Romains, malgré les moyens uniques dont ils disposaient, malgré la puissance merveilleuse d’assimilation dont ils ont fourni tant de preuves en Gaule, en Espagne, en Afrique même, n’ont jamais pu le pacifier d’une manière continue. Au moment où le Maroc semble s’ouvrir de nouveau aux influences européennes, particulièrement à la nôtre, il n’était peut-être pas inutile de le rappeler.


LEON HOMO.