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à la légère que notre état-major travaille à maintenir ce nombre. Les raisons qu’il avait pour vouloir le faire en 1907 prennent un poids nouveau depuis le vote du Reichstag du 10 mai dernier. La récente loi militaire allemande décide en effet de la création d’une inspection d’armée, de deux corps d’armée, d’un renforcement de l’effectif de paix de 29 000 hommes. Devant ces armemens intensifs, qui donc, en France, oserait encore parler de supprimer des bataillons ? Qui ne voit au contraire que leur nombre doit rester intangible et leur groupement en 173 régimens devenir définitif ?

Ce point de principe paraissant désormais indiscutable, le débat reste ouvert en ce qui concerne la suppression éventuelle de petites unités. On a prétendu qu’en temps de paix le régiment pourrait n’être pas constitué de 12 compagnies, qu’il suffirait, par exemple, de lui en donner 9, ou même 6, et de former les autres à la mobilisation, par voie de dédoublement. Ce système est préconisé par les partisans de la compagnie forte. Ils prétendent que si cette unité était constituée, par exemple, à 160 hommes (22 hommes de cadre, 138 hommes dans le rang), elle prêterait à l’armée une valeur qualitative telle, qu’on pourrait faire des sacrifices sur la quantité. C’était un adepte de cette thèse qui proposait en 1908 de créer les compagnies à deux pelotons dont il a été parlé plus haut : en temps de guerre, chaque peloton devait se dédoubler et donner naissance à une compagnie.

La Commission de l’armée fit sien, vers la même époque, le projet d’un régiment à 4 bataillons de 2 compagnies, en temps de paix, de 4 compagnies en temps de guerre. M. Messimy, ancien officier de chasseurs à pied, préconisa un instant le régiment à 3 bataillons, de 3 compagnies (de 6 compagnies en temps de guerre). Devenu ministre, il s’en tint, dans son projet du 20 décembre 1911, à demander la conservation du type régimentaire existant, — 3 bataillons et 12 compagnies, — mais laissa entr’ouverte pour l’avenir la porte du dédoublement. La suppression de deux compagnies sur quatre, disait-il, pourrait être à brève échéance une nécessité. Il admettait même que cette réduction présenterait de « grands avantages, » comme permettant de donner aux compagnies du temps de paix un effectif moins éloigné du pied de guerre.

Cependant, les compagnies supprimées ne reprendraient vie