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train pourra céder quelque chose ; on est même allé jusqu’à réclamer un instant son entière suppression. Mais les services qu’il assure en temps de paix retomberaient sur la cavalerie ; sa mobilisation particulièrement compliquée, en raison des détachemens innombrables auxquels il donne naissance, n’est possible que s’il dispose de noyaux de personnel à lui. Enfin, il existe, et ce n’est pas d’un trait de plume qu’un ministre, qui sait ce qu’il en coûte pour créer et faire vivre, peut condamner à mort une troupe qui vit.

Le train restera donc ce qu’il est : un cadre pour la mobilisation. Mais on trouvera à gratter sur les troupes d’administration. Déjà le général Picquart proposait de les remplacer par un corps de commis : dépense d’argent d’où résultait une économie d’hommes. Elles devraient dans tous les cas ne comprendre que des auxiliaires et ne pas absorber, comme elles le font, 3 000 hommes du service armé.

Le recrutement indigène dans l’Afrique du Nord, si on l’appliquait systématiquement au recomplètement de l’artillerie et du train, nous rendrait la disponibilité de plusieurs milliers de soldats français. Nos corps coloniaux laissent espérer un gain plus fort, égal à l’excédent de ce qu’ils possèdent sur ce qui leur est nécessaire pour la relève des détachemens en pays lointain. On réaliserait cette disponibilité, soit en limitant les engagemens contractés au titre du service colonial, soit en récupérant les 4000 hommes du contingent versés dans les corps coloniaux.

Le bilan de ces ressources diverses a été dressé. Rapporté au nombre des compagnies existant dans nos régimens de l’intérieur, il permettrait, pour quinze ans encore, de maintenir leur niveau aux environs de 115 hommes, Dans l’intervalle on peut espérer parvenir à une amélioration physique, par suite à un rendement plus élevé de nos contingens. Mais d’une manière ou de l’autre, les moyens proposés se ramèneront toujours à des sacrifices budgétaires. Ce sont ceux-ci auxquels il faut que nos législateurs s’apprêtent, puisque d’autres arment en face de nous, et que nous n’avons plus d’autre alternative que de reprendre par le budget ce que nous avons abandonné par la loi.