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cette unification récente des appellations qui fait qu’on se sent moins désireux d’être appelé : « Mon capitaine, » depuis que cette qualification se donne dans l’armée à des chefs de musique el à des pharmaciens. Voilà des griefs. Mais le principal est sans doute le malaise que des modifications trop fréquentes à la loi des cadres ont mis dans l’armée, faute d’être tempérées par des mesures spéciales relatives au recrutement des officiers et à leur avancement.

Il y a là une cause de trouble dont l’effet peut se reproduire demain et qui mérite d’être particulièrement soulignée. Les cadres viennent-ils à s’augmenter brusquement, ouvre-t-on toutes grandes les portes des écoles, que l’annuaire s’alourdit, s’engorge, et bientôt s’obstrue ; les promotions trop fortes n’ont plus d’écoulement ; elles languissent dans la longue monotonie des grades subalternes, et perdent l’entrain, la chaleur, la vie, avant d’avoir pu s’élever jusqu’aux grades supérieurs.

Tel est le désenchantement qui menace les officiers entrés dans l’armée sous le signe de la loi du 4 mars 1897. On se mit à cette époque à créer des quatrièmes bataillons ; pour les encadrer, on fit des sous-lieutenans à force, sans souci de régler leur nombre d’après les vacances qui se produisaient dans le grade au-dessus. Le tableau suivant montre cette disproportion :

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Années Sous-lieutenans promus Vacances dans le grade de capitaine (lieutenans nommés à ce grade).
1897 725 426
1898 682 412
1899 693 434
1900 669 449
1901 635 370
1902 583 355
1903 497 365
1904 443 356
1905 428 334
1906 392 431
1907 411 409


Cependant, la loi de recrutement de 1905 était venue couper court à la mise sur pied des quatrièmes bataillons. Ces unités éphémères disparaissaient l’une après l’autre, laissant le cadre encombré de lieutenans qui restaient sans emploi et qu’on