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des considérations d’un genre différent et de passer aux observations de quelques autres, qui, croyant justes les principes de la loi, craignent seulement de les voir faussés dans l’application.

Ils calculent que si l’on pourvoyait immédiatement aux 25 emplois nouveaux de colonels, aux 125 de lieutenans-colonels, et ainsi de suite, les lacunes, en se déplaçant vers le bas, créeraient à la fin 900 vacances dans le grade de capitaine. On ne pourrait les combler sans accroître d’autant le déficit déjà considérable des lieutenans, et de là, manque d’officiers de demi-compagnie, gêne dans l’instruction, dans le service ; danger de retomber dans des promotions de sous-lieutenans trop fortes, dans l’engorgement de l’annuaire, dans la stagnation de l’avancement ; risque de déprécier le mérite des nouveaux officiers par la facilité trop grande avec laquelle les portes des écoles s’ouvriraient devant eux.

D’un autre côté, les adjudans-chefs doivent être formés d’abord dans leurs fonctions nouvelles et nommés ensuite. En supposant même qu’ils fussent prêts à remplir leur rôle dès demain, on ne pourrait les désigner d’emblée, sans produire un à-coup dans l’avancement des sous-officiers. Ainsi, de toutes manières, l’application de la loi devra être progressive et rester sujette dans ses effets à un contrôle attentif, à une constante régulation.

C’est ici le point où l’administrateur se substitue au législateur, car, une fois le cadre-officiers définitivement fixé, il n’appartiendra qu’à lui de le remplir : et, comme on alimente un bassin en réglant le débit d’une source, d’user dans une juste mesure du mode de recrutement mis à sa disposition. On sait que ce mode est triple et qu’il aura trois robinets à ouvrir : Saint-Cyr, Saint-Maixent ; enfin, pour la cinquième partie des promotions à faire, la catégorie des adjudans. Ceux-ci se trouvent en ce moment dans une position singulière : il semble qu’ils n’aient qu’un mot à dire pour devenir à volonté officiers, adjudans- chefs, ou pour demeurer adjudans. Quant aux Saint-Cyriens et aux Saint-Maixentais, ils doivent bénéficier dans l’avenir des avantages mêmes faits aux adjudans, car on n’ouvre justement à ces serviteurs modestes la première partie de la carrière que pour les arrêter à mi-chemin et pour mieux dégager l’autre moitié. Ce n’est que dans celle-ci qu’on fournit de belles courses et que ceux qui ne se sont pas cassé les reins aux obstacles du