Page:Revue des Deux Mondes - 1912 - tome 9.djvu/847

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

celui des israélites indigènes à un peu plus de 49 000 et enfin les Européens à 163 000, ce qui n’est nullement un nombre négligeable, étant donné que cette colonie est tout à fait dans la première enfance, n’ayant qu’une trentaine d’années. Il est vrai que, sur ces 163 000 Européens, les Français ne figurent que pour 40 850 contre 105 684 Italiens, 12 208 Maltais et 4 883 de nationalités diverses. Il est, certes, regrettable que nous n’ayons pu implanter en Tunisie que 41 000 Français en nombre rond, dont près d’un tiers de fonctionnaires. Malgré l’absolue stagnation de la population française depuis le début du siècle, on eut pu faire un peu plus. Un ancien professeur au lycée de Tunis, qui s’est voué depuis une vingtaine d’années avec succès à l’œuvre de la colonisation française en Tunisie, M. Jules Saurin, a énuméré tout ce que l’on eût pu faire et que l’on pourrait faire encore pour accroître dans ce pays la population française[1] : on eût pu d’abord réserver aux Français les petites fonctions inférieures, celles de cantonnier, d’employé européen des chemins de fer (au moins dans une certaine proportion) et d’autres analogues. On eût pu avoir plus de terres à leur offrir, sans d’ailleurs dépouiller ni exproprier les Arabes ; l’administration n’installe plus que trois ou quatre douzaines de colons français chaque année, au lieu d’une ou deux centaines naguère. Il faudrait revenir à ce dernier chiffre ; ce serait une dépense très justifiée. Si l’on eût suivi un plan méthodique pour l’implantation de Français dans l’ancienne Régence, au lieu de 41 000, on en eût eu, sans doute, une soixantaine de mille, et l’écart ne serait pas négligeable ; aujourd’hui, le nombre des Français s’accroît de 1 500 à 2 000 par année. D’après les perspectives actuelles, on ne peut pas prévoir que la Tunisie, vers la fin du siècle, arrive à posséder plus de 4 à 500 000 âmes d’origine européenne, dont 100 000 à 120 000 Français peut-être. Cette faible proportion est et restera regrettable, mais non alarmante suivant nous. Il est probable que les Romains qui ont fait une si grande œuvre en Tunisie, en sept siècles il est vrai de domination, n’avaient pas implanté, dans le pays, un nombre beaucoup plus élevé de leurs concitoyens.

Les catégories d’habitans de souches diverses, indigènes musulmans, israélites indigènes, français, italiens, maltais et

  1. Jules Saurin, l’Œuvre Française en Tunisie. Paris, Challamel, 1911.