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Sans communiquer à Franckenstein la lettre même de Jacobini, le nonce, le 4 janvier, lui expédiait à Berlin ces simples lignes : « Le Saint-Siège désire que le Centre vote le septennat, attendu qu’on lui a donné l’assurance d’une révision totale des lois de Mai, et que le projet de cette révision sera soumis à la prochaine session du Landtag. » Franckenstein était prié d’informer Windthorst et de faire de cette communication un « usage discret. »

La commission qui examinait le projet de septennat se réunit le 5 janvier pour la seconde lecture. Elle comprenait plusieurs membres du Centre. Ils furent mis au courant des désirs de Rome. Ils continuèrent, néanmoins, de demeurer hostiles au septennat : le vote fut pour Bismarck un échec.

Il parait impossible d’admettre que, durant les neuf jours qui s’écoulèrent entre le 5 et le 14, le gros du Centre ait continué d’ignorer les indications romaines, dont la presse bismarckienne, d’ailleurs, ne se gênait point pour parler à demi-mot. A coup sûr, les membres du Centre appartenant à la commission ne les ébruitèrent pas dans le public. Mais faut-il conclure qu’ils laissèrent la fraction s’engager derrière eux, qu’ils la laissèrent, le 10 janvier, décider à une grosse majorité de voter contre le septennat, sans la prévenir en aucune façon des mécontentemens qu’à Rome elle risquait d’éveiller ? Quoi qu’on pense de ce délicat problème, délicat comme tous ceux qui induisent à sonder la conscience même des partis, un fait est certain : c’est que le Centre, sans se targuer d’accomplir un acte d’indépendance, et sans même paraître savoir qu’il en accomplissait un, vota, le 14 janvier, dans un sens contraire à celui qu’avait marqué Léon XIII : en seconde lecture, au Reichstag, la coalition du Centre et des progressistes consentit pour trois ans seulement, et non pour sept, les soldats et les crédits que réclamait Bismarck. Le chancelier, alors, demanda la parole ; et les députés de l’Empire apprirent que le Parlement de l’Empire était dissous.

Deux jours plus tard, dans une lettre à Di Pietro, Franckenstein s’expliquait au sujet de ce vote. Il remontrait qu’en demandant des instructions au Pape pour des lois qui n’avaient rien à faire avec les intérêts de l’Eglise, le Centre s’exposerait à des malheurs et pourrait entraîner pour le Saint-Siège de bien graves désagrémens ; et questionnant Léon XIII, Franckenstein