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LA CRISE DE L’ÉTAT MODERNE[1]


DE L’APOLOGIE DU TRAVAIL
À L’APOTHÉOSE DE L’OUVRIER
(1750-1848)

II
JUSQU’À 1848


I

Le nouveau prince qui nous était né, dans le monde nouveau qui nous était fait, commença par sommeiller, ou il en eut l’air, pendant une trentaine, une quarantaine d’années. Du moins, pendant trente ans, il ne parla guère, à peine balbutia-t-il ; il se tint lui-même en minorité, et quand il crut avoir quelque chose à dire, il le fit dire ou le laissa dire par d’autres. : La remarque de Tocqueville s’applique parfaitement ici : « Notre histoire, de 1789 à 1830, vue de loin et dans son ensemble, ne doit apparaître que comme le tableau d’une lutte acharnée entre l’Ancien Régime, ses traditions, ses souvenirs, ses espérances et ses hommes représentés par l’aristocratie, et la France nouvelle conduite par la classe moyenne... Quoique les classes ouvrières eussent souvent joué le principal rôle dans les événemens de la première République, elles n’avaient jamais été les conductrices

  1. Voyez la Revue du 1er décembre 1911.