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paraît pas décisive, et la loi garde ainsi une lacune. En le constatant, il faut souhaiter que l’expérience ne démontre pas que les enfans doivent en souffrir. C’est pour eux, en définitive, que cette grande réforme vient d’être votée, autant que pour les mères. Il serait déplorable que même pour quelques-uns, au lieu d’améliorer leur sort, elle le rendît plus malheureux.


Sous cette réserve, la nouvelle loi ne paraît mériter aucune critique, de même qu’au Parlement, ni dans la presse, elle n’a pas rencontré de résistance. En réalité, elle rétablit, en la corrigeant suivant les données de l’expérience, une très vieille tradition de notre pays. L’ancienne France, nous l’avons dit, avait autorisé la recherche de la paternité ; mais, faute des précautions indispensables, elle en avait connu les pires excès. La France moderne avait interdit la recherche ; mais elle avait pu constater les effets iniques de cette interdiction et trouver, dans la jurisprudence de ses magistrats, le moyen de concilier l’intérêt individuel de l’enfant, de la mère, avec l’intérêt social. Le moment était venu de consacrer cette évolution des sentimens et des idées. Ce n’est pas faire de la loi un mince éloge que de la reconnaître parfaitement conforme à ces sentimens, à ces idées, aux résultats d’une longue expérience.


LOUIS DELZONS.