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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La transmission des pouvoirs de l’ancien au nouveau président de la République s’est faite, le 18 février, à l’Elysée sous la forme la plus cordiale. M. Fallières y a mis la plus parfaite bonne grâce et M. Poincaré n’a pas été en reste de bonnes paroles et de bons procédés envers son sympathique prédécesseur, dont il a annoncé qu’il suivrait les exemples. Il ne faut pourtant pas se dissimuler qu’à sept années d’intervalle le caractère des deux élections n’a pas été le même et que le pays attend de M. Poincaré quelque chose de nouveau. En 1906, M. Fallières a été l’élu d’un parti qui a voté pour lui avec une parfaite unanimité et dont le pivot était formé par les radicaux-socialistes. Il n’en a pas été ainsi de M. Poincaré : les radicaux-socialistes ont montré et continuent de montrer pour lui plus que de la froideur. L’année dernière, lorsqu’il a formé son ministère au milieu de circonstances difficiles, tout le monde a appliqué à ce gouvernement l’épithète de national. Une pensée, une préoccupation supérieure à celles qui agitent d’habitude nos assemblées politiques avaient présidé, en effet, à sa composition et il faut rendre à M. Poincaré la justice qu’il est resté fidèle à ses origines. Là est le secret de sa popularité.

Le pays est très las des querelles de groupes et de sous-groupes parlementaires : il n’y a plus d’écho en lui pour certains mots qui retentissent encore avec sonorité dans les couloirs du Palais-Bourbon. Les générations qui montent cherchent ailleurs leur orientation. Les dangers subitement apparus au delà de nos frontières ont éveillé dans les consciences le sentiment d’obligations et de devoirs nouveaux. En présence de ces réalités menaçantes, l’objet de nos disputes d’hier paraît mesquin et démodé. C’est pour cela que le pays a