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trouveront, dans une autre partie de la Revue, un article de M. René Pinon où les difficultés d’aujourd’hui et celles de demain sont exposées très clairement. M. Pinon indique aussi comment ces difficultés pourraient être résolues, comment même elles devraient l’être si les États balkaniques entendaient bien leur intérêt. Nous sommes malheureusement dans une période où, après la fièvre de la guerre et l’enivrement de la victoire, les ambitions respectives de ces États n’ont pas encore eu le temps de se concilier. Après avoir si souvent parlé de ce que leurs compétitions réciproques ont d’âpreté, de ce que leurs exigences mutuelles ont d’absolu, nous ne saurions nous dissimuler l’extrême gravité de l’heure présente. On n’entend parler que du conflit serbo-bulgare, ou du conflit bulgaro-grec. Ces conflits existent en effet à l’état latent, et il faudrait peu de chose pour en amener l’explosion violente. Les grandes Puissances s’appliquent à la prévenir : puissent-elles y réussir, mais il ne faut pas se dissimuler que certains symptômes sont inquiétans. Il y a quelques jours M. Guéchoff, premier ministre de Bulgarie, et M. Pachitch, premier ministre de Serbie, se sont donné rendez-vous sur un point de la frontière des deux pays, en vue de chercher une solution aux questions posées entre eux. Bien qu’ils n’aient pas trouvé cette solution, il a suffi qu’ils l’aient cherchée en commun pour que l’optimisme ait été ranimé et ce sentiment s’est encore accru lorsqu’on a appris que MM. Guéchoff et Pachitch avaient résolu de se rencontrer de nouveau quelque part, à Salonique sans doute, pour continuer leur recherche avec M. Venizelos, premier ministre de Grèce et un ministre monténégrin. Mais, à peine de retour à Sofia, M. Guéchoff a donné sa démission et elle a été acceptée par le roi Ferdinand. Que signifie cette démission ? On n’en sait rien ; on sait seulement que M. Guéchoff était un sincère partisan de l’alliance balkanique dont il avait été un des principaux auteurs. Aussi son départ a-t-il causé de l’inquiétude. En tout cas, la crise ministérielle, encore ouverte à Sofia, retarde, suspend, arrête les négociations et, d’après les dernières nouvelles, l’ex- citation des esprits s’aggrave dangereusement à Sofia, à Belgrade, à Athènes. On en est là, et les nuages continuent d’obscurcir l’horizon.


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

FRANCIS CHARMES.