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qu’il ne fallait pas oublier de prendre, par exemple : « une quantité de pierres à fusil, à cause de la pénurie des Américains… beaucoup de farines et de biscuit ; mettre de la brique en lest pour les fours, tâcher d’apporter et de ne rien demander aux Américains qui manquent de tout… une copie de l’atlas apporté de Philadelphie par M. de La Fayette… l’imprimerie portative qu’avait M. d’Estaing, commode pour les proclamations et relations avec les alliés. » Il faut ajouter, et l’événement prouva l’utilité de cette remarque, « un train d’artillerie de siège. » D’autres notes, de portée générale, ne devaient pas être perdues de vue pendant toute la campagne, celle-ci par exemple : « Rien sans la marine prépondérante. »

Recommandation est adressée par ses soins aux commissaires chargés de l’embarquement, de veiller à ce que tous les effets et les denrées de même nature ne soient pas mis sur le même bâtiment, de façon que, dans le cas où il arriverait accident à quelque navire, les denrées et effets d’aucune catégorie ne fussent pas perdus en totalité.

Quant à la question d’émolumens, Rochambeau écrivit au ministre qu’il s’en remettait à lui pour la régler : « Ni moi ni les miens ne demanderons rien de ridicule ; nous voudrions pouvoir faire cette guerre à nos frais. » Mais le Gouvernement ne voulut pas qu’il pût être gêné, faute de ressources, et il lui attribua la somme alors considérable de douze mille livres par mois et de quatre mille par mois pour les généraux sous ses ordres.

A Brest où il s’était maintenant rendu, Rochambeau trouva que les navires étaient moins nombreux qu’on n’attendait, si bien que la première division de son armée pouvait seule prendre passage sur la flotte commandée par le chef d’escadre, chevalier de Ternay. C’était une grande déconvenue. Il prescrivit qu’on choisît du moins les hommes les plus robustes et que, pour avoir plus de monde, on abandonnât les chevaux, donnant lui-même l’exemple. « Je crois inutile de vous mander, écrivait-il au prince de Montbarey, qu’il n’y aura pas un cheval d’embarqué ; que je me sépare avec le plus grand chagrin de deux chevaux de bataille que je ne remplacerai jamais, mais que je ne veux pas avoir à me reprocher qu’ils aient tenu la place de vingt hommes de plus qu’on aurait pu embarquer. » Officiers, soldats, munitions, artillerie, vêtemens de rechange