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son personnage de bonté souriante et de malice. Autour d’elle s’est groupée une excellente interprétation : la gracieuse Madeleine Lély, Joffre au comique copieux, et Victor Boucher si remarquable par la souplesse et le naturel.


Il y a encore de beaux jours pour la comédie romanesque. C’est un spécimen accompli de ce genre de tout repos que viennent de nous donner MM. Pierre Veber et Marcel Gerbidon, dans Un fils d’Amérique.

Un jeune homme a disparu, à la suite d’une discussion assez vive avec son père. Le vieillard, désolé, s’adresse à des aigrefins qui, sous prétexte de recherches dans l’intérêt des familles, le font « chanter » jusqu’à extinction de voix. Sur le conseil de ces ingénieux professionnels, Léon Verton, à court d’argent et à bout d’expédiens, se fait passer pour le fils disparu depuis tant d’années et miraculeusement retrouvé. Il arrive au bon moment. M. Pascaud, c’est le nom de ce père dont il n’est pas le fils, est un usinier dont le chagrin a peu à peu dérangé le cerveau et l’usine. Les affaires vont de mal en pis et marchent grand train vers la ruine. Les ouvriers, mal commandés, se mettent en grève ; les cliens, mal servis, se mettent en fuite ; les créanciers, mal payés, se mettent en colère. Soudain, et de par le seul effet de la présence de Verton, tout va rentrer dans l’ordre. L’imposteur deviendra le sauveur, le défenseur et l’ange gardien de la famille où il s’est introduit en intrus. Est-il besoin de dire que le vrai fils reparaît au moment de la péripétie, que tout semble alors sur le point de se gâter, mais qu’au dénouement tout se rarrange ? Léon Verton épouse la fille de la maison : Robert Pascaud et lui seront deux beaux-frères en un seul cœur… Vous devinez tout le parti que d’habiles auteurs ont pu tirer de cette situation autour de laquelle ils ont disposé d’amusans tableautins de mœurs et quelques silhouettes falotes qui ne sont pas sans agrément.

M. Tarride est un excellent Léon Verton. M. Lérand a sa sûreté coutumière dans le personnage de M. Pascaud. M. Bouchez est amusant dans le type d’une sorte de Thomas Diafoirus, et Mme R. Maurel a dessiné une pittoresque figure d’usurière.


RENE DOUMIC.