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puissions-nous les réconcilier avec Celui qui préside à notre civilisation et créer en nous la plus riche unité contre les grossiers destructeurs.

Tout le divin, à la rescousse !


XVIII
LES ÉGLISES DE FRANCE ONT BESOIN DE SAINTS

Aujourd’hui, après des mois et des mois de lutte, en cette fin d’année 1913, le complot contre les églises apparaît à tous les yeux ; l’éveil est donné, l’alarme sonnée, et même la concentration de défense quasi effectuée. Mais à quel résultat positif sommes-nous arrivés ? A discréditer la Bête. La Bête puante et méchante qui veut ruiner les églises de France est méprisée universellement. Elle n’ose plus nulle part élever la voix et se glorifier de ses œuvres de mort. Est-ce à dire qu’elle ait perdu son pouvoir ? Bien frivole qui le croirait. Le triple scandale subsiste : on refuse de constituer ce fonds de secours promis solennellement au cours des débats de la Séparation et qui a fait l’objet d’un projet gouvernemental signé de MM. Clemenceau, Caillaux et Briand ; on continue d’admettre que les communes sectaires refusent l’argent des fidèles qui veulent entretenir leur église ; on continue de tolérer que cinquante pour cent des municipalités s’opposent au classement d’édifices réclamés comme des chefs-d’œuvre par la Commission des monumens historiques. Et même les pauvres mesures de salut que j’avais pu obtenir de la Chambre s’en sont allées en fumée. Nos sénateurs viennent par deux fois de les repousser. Ces hommes d’âge participent plus que nos députés, un peu assainis par la jeunesse, de la vieille passion anticléricale.

L’un d’eux, M. Chéron, a essayé de les justifier à mes yeux : « Ne vous méprenez pas, m’a-t-il dit l’autre jour dans les couloirs de la Chambre, ne vous méprenez pas sur les sentimens du Sénat. Ils sont excellens. Si la Haute Assemblée a voté la disjonction, ce n’est pas dans un sentiment d’hostilité à l’égard des églises. Elle les déteste si peu qu’elle a élaboré un projet par l’organe de M. Audiffred. Dans ces conditions, vous le saisissez, on manquerait de déférence envers le Sénat, qui a son texte propre, en lui demandant de prendre le texte de la Chambre.