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LA LITTÉRATURE ENFANTINE
EN ITALIE

La critique s’est peu occupée de littérature enfantine ; elle connaît la nôtre assez mal ; elle ignore tout à fait celle de nos voisins. — Oublions, pour un moment, notre théâtre trop habile et nos romans trop compliqués ; allons aux livres naïfs, aux livres innocens où s’est inscrit le rêve des jeunes âmes ; écoutons les simples, les fraîches histoires qui délasseront peut-être nos esprits blasés. Demandons aux petits garçons et aux petites filles d’Italie ce qu’ils lisent et ce qu’ils aiment ; et pour les comprendre, essayons de nous refaire, s’il est possible, une âme d’enfant.


I

Les ninne-nanne : c’est de ce joli mot, qui est à lui seul un bercement, que l’on désigne en Italie les chansons faites pour endormir les petits. Bientôt eux-mêmes les apprennent : telle est leur première initiation à la littérature. Ils répètent, la voix somnolente et les yeux mi-clos, les vers boiteux qu’on chante à leur oreille : qu’il faut dormir pour être sage ; qu’ils trouveront à leur réveil de beaux jouets, et des habits tout brodés d’or et d’argent ; que sans doute ils verront en rêve l’Enfant Jésus et la Madone. Les rimes ne sont pas riches ; les expressions ne sont pas savantes ; il n’a pas fallu un grand effort d’imagination pour trouver les thèmes. Mais une harmonie