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incomparable, voilà un tableau qui ne s’effacera jamais de ma mémoire. »


5 juillet. — Le Duc d’Orléans est arrivé, avant-hier matin, un peu fatigué de son voyage : il a beaucoup maigri. Son frère est arrivé hier. Tous les deux, le Duc d’Orléans surtout, ont été douloureusement impressionnés par la nouvelle de l’attentat contre la vie du Roi. C’est l’archiduc et l’archiduchesse. Renier qui la leur ont apprise. Messeigneurs nous ont dit que dans leur propre famille, ils n’auraient pas trouvé plus d’affection et un témoignage plus sincère d’amitié et de regrets que dans la famille impériale.

J’ai diné aujourd’hui chez la marquise de Ferrari, avec le général Pozzo, son neveu et sa nièce. Le général est très amusant à entendre, sur son séjour à Londres et sur tous les ennuis de tout genre qu’il a éprouvés ; il est enchanté de ne plus y être et prétend déjà que le peu de jours qu’il vient de passer sur le continent lui ont fait beaucoup de bien. N’empêche que je le trouve vieilli et alourdi. Il vient d’acheter l’hôtel du duc de Blacas, celui que la marquise de Ferrari habite en ce moment, fort bel hôtel situé dans la rue de l’Université. Le comte Pozzo l’a acheté pour quatre cent soixante mille francs et il sera obligé d’y faire encore de grandes dépenses.


7 juillet. — Le Duc d’Orléans est venu, ce matin, faire sa visite à notre cousine. Mgr de Nemours l’a accompagné, mais il n’a presque rien dit. Le Prince Royal s’est exprimé sur l’Autriche et le séjour qu’il y a fait, d’une manière très satisfaisante…

Notre armée, surtout celle d’Italie, lui a paru plus belle que celle de Prusse, mais les offîciers beaucoup moins instruits que les officiers prussiens. Il n’a pas dit un mot sur la famille de l’archiduc Charles, sur l’Empereur non plus et parle peu favorablement de l’archiduchesse Sophie. En revanche, il est enthousiasmé par l’Impératrice, qu’il trouve la femme la plus distinguée, la plus intéressante de la terre, sa tournure la plus impériale du monde.


9 juillet. — L’autre jour, à un dîner chez Thiers, Pozzo l’a écrasé de complimens. Il lui a dit qu’il le considérait comme le premier ministre des Affaires étrangères qui, depuis Louis XVI,