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dessins, et sous de larges arcades, ornées de moulures sur fond d’or. Le plafond et les murs, peints à l’huile, représentent des sujets tirés de l’histoire romaine, mêlés à beaucoup d’ornemens sculptés et dorés. On voit, à travers les arcades, un autre double escalier orné de deux grands portraits en pied de l’empereur et de l’impératrice de Russie, richement encadrés. Cet escalier est éclairé d’en haut par une coupole très élevée et d’une très belle forme, c’est par cet escalier qu’on m’a conduit dans mes appartemens, car le duc, au moment de mon arrivée, se trouvait absent.

Vers sept heures, un valet de chambre est venu, de la part du duc, pour me conduire au salon. De l’escalier, on entre dans un premier salon. En Angleterre, il n’y a pas ce que nous appelons antichambre, les domestiques se tiennent dans le hall, et l’escalier fait déjà partie de l’appartement. Dans ce premier salon, il y a plusieurs portraits de famille, le père du duc et le duc lui-même en costume de pair d’Angleterre, puis un portrait de George III peint par Lawrence et donné par le Roi au duc de Devonshire, puis un autre du roi Henry VIII en pied, un portrait du temps.

Outre une superbe cheminée en marbre blanc, haute de six pieds dans son ouverture et admirablement sculptée, il y a encore une Vénus de Médicis le dos tourné contre une grande glace sans tain, par laquelle on voit une cascade magnifique qui tombe d’abord du haut d’un rocher dans un lac ; de ce lac l’eau s’élève, comme par enchantement, jusque dans le haut de la coupole d’un temple, d’où elle se précipite dans un bassin en marbre et de là s’écoule, après y avoir formé mille jets d’eau, par un large canal, comme par un grand escalier, de gradins en gradins, jusque dans les environs des terrasses où le même escalier continue et semble être menacé par le torrent.

Les meubles du salon, recouverts de damas, sont dans le style qu’on appelle en France « Rococo, » c’est-à-dire du temps de Louis XIV et de Louis XV. Vis-à-vis de la glace sans tain, s’ouvre une porte qui conduit dans un autre salon tout aussi grand que le premier, tout tendu en damas bleu ciel, encore orné d’une superbe cheminée avec un portrait de George III en pied par-dessus.

C’est dans ce salon que le duc me reçut et me présenta à ses deux neveux, lord Barington et M. Cavendish, deux frères dont