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objet. Les critiques que nous avons le droit de formuler ou les doutes qu’il nous est permis d’exprimer portent sur l’efficacité de certaines prescriptions. N’y a-t-il pas là excès de réglementation, intervention abusive de la loi dans le domaine des relations entre particuliers ?

Au surplus, ce n’est pas seulement en leur donnant de la terre que le gouvernement s’est efforcé de venir en aide à ses paysans. Il s’est préoccupé de leur hygiène morale et physique. Il a eu le courage de limiter le nombre des cabarets. La loi du 27 mars 1908 en a institué le monopole. Dans les communes rurales il ne peut pas y en avoir plus d’un pour 150 familles. Le droit d’ouvrir un débit de boissons spiritueuses n’est accordé qu’à des personnes d’une moralité reconnue : il leur est défendu de recevoir des terres à bail. Autrefois, le paysan payait son alcool en affermant sa propriété, moyennant un prix dérisoire, au cabaretier et en s’engageant à travailler pour lui. A neuf heures du soir, les locaux doivent être clos. Les autorités administratives et sanitaires ont le droit de contrôler les boissons, d’imposer des amendes et des peines : en cas de récidive, le débit est fermé. Cette loi paraît avoir donné de bons résultats. Elle a contribué indirectement à la prospérité des banques populaires et à la constitution d’une épargne agricole : les paysans y portent l’argent qu’ils ne dépensent plus en achats d’alcool. Leurs associations (obstié) trouvent dans ces banques les sommes dont elles ont besoin pour prendre à bail l’exploitation de domaines, qui leur donne en général d’excellens résultats. Ils gagnent des salaires qui atteignent 6 francs par jour.

La question agraire domine la politique roumaine. Lorsque M. Jean Bratiano, chef du parti libéral a publié son manifeste au mois de septembre 1913, il a inscrit tout d’abord parmi les réformes qu’il demande celle de la loi sur l’expropriation. La Constitution, qui ne permet celle-ci que pour des motifs d’hygiène ou de travaux publics, oppose un obstacle au morcellement rapide des grands domaines qui paraît, à un certain nombre d’hommes d’Etat, la condition essentielle d’une organisation définitive de la propriété dans le pays. Faudra-t-il en venir à ce remède radical ? Parmi ceux mêmes qui sont désireux défavoriser la répartition des terres aux paysans, il en est qui croient l’action de la Caisse rurale suffisante : elle paraît devoir