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des pays autrichiens, la Banque commerciale, fondée par l’Union parisienne et le Wienerbankverein, la Bank of Rumania, d’origine anglaise, la Banca Romanesca, purement roumaine.

Le développement des banques populaires a été remarquable. D’un million il y a vingt ans, leurs ressources ont passé à 130 millions. Les paysans souscrivent des actions, qu’ils s’engagent à libérer au moyen de versemens mensuels. En outre, ils y ont des dépôts libres. Ces banques font surtout du prêt personnel : quand leurs disponibilités sont insuffisantes, elles s’adressent à la Caisse centrale, qui elle-même reçoit un appui de la Banque Nationale. Certains de ces établissemens ont déjà un capital de près d’un demi-million, une réserve de même importance ; l’un d’eux a consacré 2 millions a l’acquisition de forêts. Ils prêtent à des taux élevés, mais modiques par rapport à ceux que les paysans payaient encore il n’y a pas longtemps.

Six villes ont plus de 50 000 habitans : Bucarest, Iassy, Galatz, Braïla, Ploesti, Craiova : la première a une population qui dépasse 380 000 âmes et s’étend sur une superficie qui lui permet d’entrevoir une rapide augmentation. Sur 13 millions d’hectares qui représentent la surface du royaume avant l’annexion du « quadrilatère, » plus de la moitié était en terre arable, un quart en pâturages et en forêts. En quarante ans, la production du blé a sextuplé : elle dépasse 40 millions d’hectolitres. Le chiffre de production du mais est à peu près le même ; l’orge et l’avoine atteignent environ 20 millions d’hectolitres.

L’industrie roumaine est encore peu importante en regard de celle des grandes nations européennes. Elle a toutefois accompli des progrès intéressans, dus en partie à l’initiative éclairée du Roi, qui n’a pas hésité à ouvrir la voie à son peuple sur ce terrain comme sur beaucoup d’autres : il a fondé des fabriques et démontré le parti qu’on pouvait tirer des ressources naturelles du pays. L’industrie qui tient aujourd’hui le premier rang est celle du pétrole, qui produit 1 800 000 tonnes et qui semble appelée à de brillantes destinées. Une conduite à laquelle on travaille activement amènera le précieux liquide à Constanza, port d’embarquement ; on espère qu’elle sera inaugurée en 1914 : elle aura le double avantage de faciliter l’exportation du pétrole et de dégager le trafic des chemins de fer, qui sont encombrés et ne suffisent pas aux autres transports.