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à fait remarquables, réalisées par les astronomes américains de la Smithsonian Institution sous la direction de M. Abbot. Les mesures du rayonnement solaire, bien que faites avec les appareils les plus délicatement précis, sont forcément affectées par toutes les variations que subit le pouvoir absorbant de l’atmosphère terrestre, qui sont intenses, fréquentes et irrégulières et qui dépendent d’un grand nombre de facteurs impossibles à connaître : humidité de l’air aux diverses altitudes, poussières, répartition des pressions, etc. Pour éviter ces causes d’erreur on a cherché depuis quelque temps à faire ces observations sur le sommet de hautes montagnes, mais cela ne permit que de s’en affranchir partiellement, puisque, au sommet du Mont-Blanc, par exemple, la pression atmosphérique est encore plus de la moitié de ce qu’elle est au niveau de la mer. De là résultait l’impossibilité de discerner, dans les variations observées du rayonnement solaire, si une part d’entre elles provenait du Soleil lui-même.

M. Abbot et ses assistans ont tourné la difficulté en faisant d’une manière continue des observations simultanées en deux stations de montagne très éloignées l’une de l’autre (Mount Wilson et Mount Whitney), en même temps qu’à Washington, puis tout récemment en des régions très séparées (Algérie et États-Unis). Les nombres obtenus dans ces conditions présentent une marche parallèle et concordante qui permet d’éliminer l’influence perturbatrice de notre atmosphère et de déterminer l’intensité du rayonnement solaire à 1 pour 100 près environ.

Or il résulte de ces observations poursuivies depuis près de neuf ans que le rayonnement solaire subit dans l’espace de quelques mois et même souvent de quelques jours des variations irrégulières qui peuvent atteindre jusqu’à 10 pour 100 de sa valeur et atteignent couramment 3 à 5 pour 100. Il y a quelques semaines M. Abbot a annoncé au Congrès solaire qui vient de tenir ses assises à Bonn qu’il avait, en outre, observé avec ses appareils des variations du même ordre dans l’intensité relative des rayonnemens que nous envoient le centre et le bord du Soleil. Cette constatation très importante prouve que les variations de l’énergie rayonnante du soleil est due, au moins pour une large part, aux variations de la transparence de l’atmosphère solaire. Ceci ne sera plus pour nous étonner lorsque nous aurons passé en revue les mouvemens étonnans dont cette atmosphère est le siège.

Mais ces variations, qui viennent d’être ainsi établies dans le rayonnement solaire ne peuvent pas être sans effets notables sur la