Page:Revue des Deux Mondes - 1914 - tome 21.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

croyions qu’un tel a telle opinion de nous, pour que nous cherchions de toutes nos forces à être conformes à cette opinion, en vertus ou en vices.

Chercher et suivre le vrai, dans l’ordre intellectuel et pratique, sera l’idée dominante de mon type intérieur. J’envisagerai le sacerdoce comme le dévouement, la consécration à la vérité, la tonsure que je vais recevoir comme le dépouillement de tout superflu pour m’attacher à la seule vérité.

Puisque Dieu ne m’inspire pas ce zèle vif, ardent et expansif pour le salut de beaucoup, qu’il donne à ses âmes choisies, je me contenterai du rôle modeste de chercheur, trop heureux de trouver pour lui et les autres une parcelle de vérité. Comme je suis un peu porté à l’égoïsme philosophique, je marierai toujours l’idée de l’utilité de quelques-uns de mes frères à celle de la recherche personnelle de mes convictions. Dieu m’a donné une charité tendre pour les esprits avides de vérité, mais flétris par le scepticisme ; je la nourrirai avec soin. Oh ! qui me donnera de trouver un vrai chercheur, prêt à renoncer au monde entier pour la vérité ? Vérité, vérité, n’es-tu pas le Dieu que je cherche ?

Je me tiendrai invinciblement collé à Jésus-Christ, la vraie vérité des hommes. Je ferai converger toutes mes études vers la religion ; je me souviendrai qu’il est l’intermédiaire nécessaire, l’interprète, si j’ose le dire, sans lequel Dieu n’entend pas notre langue, et nous n’entendons pas celle de Dieu. Je me nourrirai donc de sa parole divine, consignée dans les saints Evangiles, tâchant d’en prendre l’esprit, et évitant la critique trop critique.

Comme j’ai grand lieu de croire que Dieu m’a taillé pour une vie d’études, et que d’ailleurs l’étude la plus acharnée est nécessaire pour mon inquisition de la vérité, qui doit être mon tout, je travaillerai sans relâche, et très largement, ne jugeant presque aucune étude étrangère à mon but, faisant cependant un choix.

Je me garderai de gêner en rien la marche naturelle de mon esprit, le laissant faire mon chemin comme ses développemens successifs l’amèneront, et j’aurai soin, en tout état, de tenir compte de sa relativité, et d’affirmer très sobrement.

Je ne jetterai pas mes idées à tout venant, non que je me défende toute exposition de mes sentimens, surtout sur certains