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que Hirsch, en le publiant, a considéré comme une ébauche des observations grammaticales incorporées a la troisième partie de l’Opus majus, peut-être une grammaire hébraïque à laquelle il aurait donné une forme complète. Roger Bacon recommande plus encore le grec, comme il convient à un chrétien, que l’hébreu. Sa Grammaire grecque, publiée par Nolan en 1902, se présente sous deux formes ; le manuscrit d’Oxford, en plus de 200 pages, devait être une grammaire élémentaire, celui de Cambridge est peut-être l’ébauche d’une grammaire plus complète. En outre, Roger Bacon a exprimé l’intention de composer un dictionnaire grec pour les étudians et Nolan n’est pas éloigné de penser que celui du manuscrit d’Arundel au Collège of Arms de Londres a été écrit par lui.

Toujours Bacon place l’arabe parmi les langues que les Latins ne doivent pas ignorer. S’il met au premier plan, en s’adressant au Pape, les langues dans lesquelles sont écrits les livres saints des chrétiens, il n’oublie pas que la philosophie fut donnée par Dieu à Avicenne comme a Aristote, qu’Averroès a corrigé Avicenne comme celui-ci a corrigé ses devanciers ; que c’est aux Arabes qu’on doit le plus, après les Grecs, dans les sciences qu’il estime essentielles, les mathématiques, l’optique, l’astronomie, l’alchimie, la science expérimentale ; qu’il faut connaître la langue des Musulmans comme celle de tous les Infidèles pour les convertir ou agir sur eux avec quelque efficacité ; qu’il y a des Arabes soumis a l’Église, obligée de les régir et de leur transmettre des ordres.

Enfin Roger Bacon recommande expressément l’étude du chaldéen, comme celle de l’hébreu et de l’arabe.

Les langues dont il préconise ainsi la culture, Roger Bacon montre les moyens par lesquels on peut les apprendre. Partout il y a des Hébreux dont la langue est, en substance, la même que l’arabe et le chaldéen, qui, par conséquent, peuvent nous faire atteindre le premier degré de connaissance, nous apprendre l’alphabet, puis la lecture et le sens des mots dont les Latins usent en exposant leur langue, leur philosophie et leur théologie. Il y a à Paris, en France et dans d’autres régions, des hommes capables de nous conduire au même résultat. S’il y a peu de Latins qui connaissent la grammaire, comme il y en a fort peu parmi les Hébreux et les Grecs eux-mêmes, beaucoup de Latins savent parler le grec, l’arabe et l’hébreu. En outre, des philosophes