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aux chevaux. Sur les chevaux il a, mieux que des opinions, une science : et il vous cite Xénophon (traité de la Cavalerie), il juge les cavaliers de Saumur ; cavalier lui-même, il examine les frises du Parthénon de manière à conclure : « On peut imaginer, sans trop de chances d’erreur, le cavalier antique comme un lad athlétique monté à cru sur un gros cob, » paroles un peu mystérieuses pour un lecteur casanier. Quant à l’escrime, elle l’amuse ; et il trouve au duel un air de galanterie. Conjecturons que le séjour de Chantilly l’enchante pour la beauté de la forêt, pour la noblesse fine du château, pour les souvenirs de l’histoire, pour Gérard de Nerval et Sylvie, et pour la promenade et les sports, et pour les lévriers qu’on mène courir sur la pelouse, et pour les chasses, les chevaux, les jockeys et les lads, et pour les snobs, si drôles à regarder et à peindre. Nous lui prêtons une causerie nette, rapide, un peu ornée comme le style de ses romans ; il préfère certainement les petits faits aux longs propos : si le discours de l’interlocuteur s’embrouille, lui se tait. Il a beaucoup d’esprit ; et, plutôt que de le montrer, il le cacherait : mais il le laisse voir. Il n’est pas trop sentimental ; apparemment, il ne l’est pas du tout ; il est aimable : il a cette bien rare politesse qui ne vous éconduit pas. Nous lui voulons, dans les manières et le costume aussi, une parfaite élégance. Mais prenons garde : qu’est-ce que l’élégance ? Un jour (c’est lui qui le raconte), trois fats se querellaient, à Londres, vers 1810 : quel gentilhomme était, l’après-midi, le mieux vêtu au club ? Ils décidèrent de s’en remettre à George Bryan Brummel, qui daigna les écouter. Sir Henry Mildmay, pour ses bottes à revers roses ? ou Pierrepoint, à cause de son gilet ? ou bien lord Alvanley ? Lord Alvanley, pourquoi ? L’on ne sut pas décrire son vêtement. Et George Bryan Brummel : « Messieurs, je déclare lord Alvanley vainqueur dans ce tournoi. Si Mildmay et Pierrepoint avaient été vraiment ce qu’on appelle habillés, vous n’eussiez remarqué ni les bottes de l’un, ni le gilet de l’autre. » Il en va de même pour le style, ajoute M. Marcel Boulenger ; pour le style et toute élégance.

M. Marcel Boulenger vient de donner Le Fourbe, roman[1]. D’abord, il a écrit Nos élégances, puis une Introduction à la vie comme-il-faut et même un Cours de Vie parisienne. Ce sont de précieux livrets, tout pleins de bons préceptes et, en outre, de moquerie. L’on nous enseigne mille petites choses importantes, l’art de nous habiller, les règles d’une jolie conversation ; touchant la vénerie, les sports

  1. Librairie Ollendorff.