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emprunts étaient échelonnés avec méthode et employés uniquement à des travaux directement et immédiatement nécessaires à la Chine ; ils ne remplaceront pas les emprunts de réorganisation. La Chine est riche, il faut lui prêter de l’argent, non pas pour acheter des armes, mais pour l’aider à créer une administration qui lui permette de percevoir l’impôt foncier et de faire face par ses propres ressources aux emprunts de mise en valeur dont elle aura encore besoin. Le fameux emprunt de « réorganisation » de 631 millions n’a servi que pour une faible part à réorganiser ; 300 millions étaient destinés à rembourser des emprunts échus, 125 aux dépenses de l’État pendant six mois, 75 au licenciement des troupes, 50 à la réforme du monopole du sel, 75 à payer les frais, remises, commissions, etc. Ce n’est pas ainsi qu’on « réorganisera » la Chine, et cependant il est difficile de continuer indéfiniment à alimenter la vie du gouvernement de Yuan-Chekai au moyen d’emprunts qui seraient de moins en moins solidement gagés. Les emprunts, de quelque nature qu’ils soient, ne contribueront à créer en Chine un état de choses stable et pacifique que si les prêteurs sont appelés à en surveiller l’emploi : « Ce serait trop peu de vous prêter de l’argent disait dans un discours, le 15 décembre dernier, le très distingué ministre de France en Chine, M. Conty, nous voulons aussi vous fournir des hommes pour collaborer avec vous et vous faire profiter de toutes les ressources de l’industrie moderne où le génie français a apporté une si large et si glorieuse contribution. » La voie, où la finance et la politique européennes sont engagées, aboutit au contrôle des finances chinoises. C’est là un remède nécessaire. Un régime soucieux de l’avenir de la Chine comprendra que, dans les difficultés présentes, l’organisation de deux grandes administrations nouvelles sur le type de celle des douanes, celle de la gabelle et celle de l’impôt foncier, pourrait rendre à la République les