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important a quelque grief contre le gouvernement, il provoque un soulèvement.

Quoi qu’il en soit, voilà encore le Mexique entier du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, le théâtre de la guerre et du pillage. De tous côtés, arrivent les tristes détails de nouveaux massacres et de combats livrés entre l’armée nationale et les troupes en révolte. La propriété et la vie des habitans est menacée au plus haut point et le peuple témoigne d’une attitude très dangereuse en faisant souvent cause commune avec les attaquans et en partageant le butin avec eux.

Aussitôt que la paix est assurée avec l’étranger, la guerre civile reprend. On m’a assuré que pendant la présidence, ou plutôt la dictature de Porfirio Diaz, l’ordre avait régné dans le pays. Ceci n’empêcha point que son long gouvernement, qui débuta par la révolution et la guerre civile, finit soudainement dans le sang.

Monterey ne me cause pourtant pas une impression belliqueuse : tout au contraire, avec ses hautes cheminées, elle paraît industrielle et commerçante. En réalité, les rencontres ennemies ont lieu dans les environs et les Registes attaquent de préférence les grandes propriétés isolées. Celles-ci sont surtout exposées à leurs coups. Ils emportent tout ce qui leur tombe sous la main et, en cas de résistance, ils emploient la plus impitoyable violence.

Je passai à San Luis-Potosi mon premier dimanche au Mexique. La ville possède une cathédrale spacieuse et un palais épiscopal remarquablement beau. Les églises sont nombreuses, et la population se fait remarquer par une édifiante piété. Le lieu est agréable et plaisant. Les bâtimens ont beaucoup de caractère, les rues gardent le cachet du Moyen âge. Toutes les places publiques sont autant de jardins merveilleusement entretenus.

San Luis-Potosi doit aux mines d’or et d’argent des montagnes voisines son épanouissement et son opulence. Par la conquête au XVIe siècle, des immîgrans prirent possession de l’endroit. Malheureusement, leur rapacité épuisa beaucoup de riches gisemens. Mais de nouveaux filons furent constamment découverts et jusqu’à aujourd’hui, le territoire est resté le district minier le plus abondant du pays. C’est seulement depuis peu de temps que de longues étendues devinrent la propriété de sociétés américaines avec le droit d’exploitation.