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larocaiilo, Tresguerras, dans la colonie lointaine, le pousse plus loin encore et va parfois jusqu’au fantasque.

L’effet d’ensemble de Santa Rosa sous ce ciel méridional est toutefois imposant. En art, spécialement dans l’architecture, l’impression dépend en grande partie du cadre naturel où s’élève le monument.

L’intérieur de Santa Rosa est, si possible, plus chargé encore que l’extérieur. Voûte, murailles, chœur, autels, tout est couvert d’innombrables ornemens. De plus, les colonnes, les dessus de portes, les sculptures en bois, les ferrures sont toutes dorées. Mais, on peut oublier la laideur des détails, en face de l’ensemble qui, à l’heure du soleil levant ou au crépuscule, ne manque pas de noblesse et de grandeur. Toutes les constructions de Tresguerras méritent la même critique. On le constate particulièrement à Celaya, son pays natal, dans l’étrangeté de ses monumens.

Quand j’arrivai là, par un clair de lune, la ville avec ses nombreuses coupoles, ses hautes tourelles et ses arcades me fit l’effet d’une vision féerique. Les contours se dessinaient avec une merveilleuse hardiesse sur le ciel étoile. Mais, à l’aube du jour, comme par une baguette enchantée, toute la magie disparut : Celaya ne fut plus qu’une sorte de mystification. Je trouve, à ce propos, dans mon journal : « En pleine lumière, la patrie célèbre de Tresguerras fait l’effet d’une ville de carton. »

Les environs de Queretaro invitent à de nombreuses excursions. De riches haciendas s’étendent au milieu de la campagne fertile et parfaitement cultivée. Beaucoup de propriétaires passent l’année entière au milieu de leurs ouvriers et de leur bétail. Ils mènent sans altération la même vie pastorale que lors de la conquête et se regardent comme maîtres absolus sur leurs terres.

El Cerro de las Campanas, la montagne de la Cloche, est le lieu le plus connu du voisinage ; aucun visiteur de Queretaro ne manque de s’y rendre. C’est là que se déroula la sombre tragédie de l’empereur Maximilien. Le 19 juin 1867, le malheureux prince, et les deux généraux Miramon et Mejia, furent fusillés à Cerro de las Campanas.

Sur cette place sinistre une chapelle fut érigée. Tout autour, la campagne est déserte, à peine quelques chèvres grimpent à travers les broussailles. Rien ne rompt la tranquillité de ce lieu,