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des cadres, on prévoyait que les ressources fournies par celle-ci seraient bientôt insuffisantes. Nous n’avons que trop tardé à proposer au Parlement des mesures nouvelles, qu’il ne s’est d’ailleurs point pressé d’examiner et que, présentement, on retouche. Cela peut nous mener loin. Je ne rappellerai pas, — c’est devenu banal, — que dans d’autres pays les augmentations du personnel de la flotte, cadres compris, accompagnent méthodiquement les accroissemens du matériel flottant. Chez nous, au contraire, les « programmes » qui se sont succédé ne visaient que les constructions, sans se préoccuper d’armer d’une manière convenable des bâtimens que l’on voulait plus nombreux, plus puissans, plus compliqués.

Quant au surmenage des unités de l’armée navale actuelle, c’est un point délicat. La balance n’est point aisée à maintenir entre les nécessités de l’entraînement du personnel — du personnel dirigeant, surtout, dans ce cas — et, celles du parfait entretien, ou de la remise en état immédiate d’organes mécaniques dont l’endurance n’est pas, sachons en convenir, l’essentielle qualité. D’un côté, il faut naviguer, manœuvrer, tirer le plus possible ; de l’autre, il serait nécessaire d’instituer pour chaque unité navigante d’assez longues périodes de repos dans la rade, sinon dans les darses, d’un arsenal vraiment bien pourvu, bien outillé, énergiquement conduit.

Bizerte n’est malheureusement pas encore en état de doubler Toulon. Il semble même qu’on n’y ait pas atteint le premier et capital objet que l’on visait, le ravitaillement rapide de l’armée navale.

« Après cela (exécution du 2e thème), m’écrit un troisième correspondant, nous sommes tous allés mouiller dans le lac de Bizerte, où nous restâmes une semaine. Nous y avons fait des vivres et du charbon, mais très lentement. Les moyens dont dispose l’arsenal ne lui permettent décidément pas de réapprovisionner promptement la totalité de l’armée navale. »

Les moyens auxquels cette lettre fait allusion sont sans doute les « bâtimens de servitude, » remorqueurs, chalands, bugalets, citernes, peut-être aussi les installations à terre, celles, par exemple, qui permettent de recharger rapidement un