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le pouvoir de diriger les coups. Dans la monarchie des Habsbourg, les serviteurs publics doivent être toujours prêts à subordonner leurs conceptions du patriotisme et de la dignité politique aux exigences du patriotisme dynastique représentées par la volonté de la couronne : ils doivent être patriotes pour Moi. »

En diplomatie, on sait que l’ingratitude des Habsbourg a toujours été un pareil scandale pour le monde, mais aussi, pour eux-mêmes, un pareil principe de bénéfices et de salut. A l’heure présente, où cette monarchie semble en posture plus difficile encore qu’aux sombres jours de 1848, qui sait si, brusquement, elle ne trouvera pas, dans une nouvelle démonstration de cette étonnante ingratitude, le moyen de prolonger son existence unitaire, de limiter tout au moins les justes perles, qui devraient punir ses crimes de lèse-nationalités, et de réaliser en partie les prédictions de M. Steed : « Même au risque de scandaliser ceux qui croient que le dualisme est le dernier mot du développement politique de l’Autriche-Hongrie, il est nécessaire d’insister sur l’unité essentielle des territoires des Habsbourg, encore que cette unité soit et puisse devenir de plus en plus une unité dans la diversité ? »


VICTOR BERARD.