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d’Or par les voies ferrées !… Or, qu’on veuille bien le remarquer, la mise en jeu des sous-marins est particulièrement efficace dans des mers resserrées, sur des théâtres d’opération » restreints. Enfin je vois dans l’escadre de nos alliés des mouilleurs et des dragueurs de mines dont le personnel est exercé et qui feront certainement de bonne besogne, si l’on sait, là-bas, s’en servir aussi bien que les Allemands se servent des leurs dans la mer du Nord. Au demeurant, ne doutons pas que, déjà, dans la Corne d’Or, ne s’arment des mouilleurs et des dragueurs auxiliaires, improvisés par nos habiles adversaires. Ce sont gens avec qui il faut toujours compter en fait de surprises et d’initiatives hardies.

Pour compléter le tableau des forces navales qui entrent en jeu dans les mers du Levant, il faudrait parler de l’escadre anglo-française, qui a déjà signalé sa présence dans l’Archipel par le bombardement des ouvrages extérieurs des Dardanelles. Je m’abstiens d’en donner la composition. Il suffit de savoir que ce groupe est emprunté à l’armée navale française de la Méditerranée et à la « Mediterranean fleet » anglaise. On ne se trompera sans doute pas beaucoup en supposant que les emprunts ont porté surtout sur les croiseurs cuirassés du type Indomitable de la flotte britannique et du type Ernest Renan, de la nôtre. Ajoutons-y nombre de bâtimens légers, et souhaitons que sous-marins et hydroaéroplahes aient pu trouver leur plaça dans cette réunion de bâtimens : ils feront parler d’eux.

Faut-il, en finissant, dire un mot de la petite flotte grecque et de la marine italienne ? Pas encore. La Grèce vient de notifier une neutralité qui, à tout prendre et pour le moment, satisfait aux intérêts des Puissances alliées. L’Italie continue de se recueillir. L’ouverture, prochaine, peut-être, de la succession de « l’Homme malade » ouvre cependant aux ambitions de nos voisins un champ aussi vaste que celui qui borde l’Adriatique ou que domine la crête des Alpes Rhétiques.

Attendons. Tout vient à point à qui sait résister victorieusement aux assauts formidables des Teutons en Lorraine, en Champagne, en Belgique.


Contre-amiral DEGOUY.