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guerre, comme pour prouver à la mère patrie qu’a deux cents lieues de ses rivages, dans cette contrée africaine que protège son drapeau, les cœurs battent à l’unisson du sien en un élan de patriotisme que la distance qui les séparé ne saurait affaiblir.

L’honneur de cette fondation revient à Mme Alapetite, femme du Résident général. Sollicitée par de nombreuses femmes de réservistes qui, subitement privées des ressources procurées par le chef de famille, demandaient les moyens de subvenir elles-mêmes à leurs besoins et à ceux de leurs enfans, elle conçut l’idée d’ouvrir en faveur des blessés tunisiens une souscription dont les fonds ne quitteraient pas la Tunisie et permettraient de secourir par des dons en nature les soldats blessés et celles de leurs familles à qui ne pouvaient suffire les allocations accordées par le gouvernement. Grâce à l’initiative de la fondatrice et au concours très actif qu’elle trouva parmi les femmes des principaux fonctionnaires de la Régence, grâce aussi à l’exemple de libéralité donné par le Bey de Tunis et la Bey, qui s’inscrivirent des premiers parmi les donateurs, l’argent arriva de toutes parts. A l’appel qui leur était adressé, Européens, Musulmans, Israélites répondirent avec un empressement qui semblait contagieux. On avait donné pour la Croix-Rouge, on avait donné pour l’Union des Femmes de France : on donna plus encore pour l’Œuvre Tunisienne de secours aux soldats. Personne ne refusa son obole et, si l’offrande des indigènes pauvres fut forcément modeste, celle des Arabes riches fut largement abondante ; les membres les plus qualifiés du parti « Jeune-Tunisien » se montrèrent particulièrement généreux. Ainsi, l’œuvre à peine fondée se trouvait en état de fonctionner, et même de voguer à pleines voiles.

Le défaut d’espace me condamne à résumer brièvement les résultats qu’elle a obtenus en quelques semaines. Elle a rendu aux ateliers de tissage de Djerba, de Kairouan et de Tunis une activité qui depuis longtemps leur faisait défaut, en leur commandant des tissus de laine et des couvertures particulièrement appréciés par les tirailleurs et spahis à qui elle les destinait. Elle a demandé des cotonnades à des sociétés commerciales tunisiennes de création récente dont le gouvernement du Protectorat avait favorisé la constitution afin de développer chez nos protégés l’esprit coopératif. Elle a inauguré en Tunisie l’Assistance par le travail en des ouvroirs où les femmes des