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que la France gardienne de leurs intérêts ne laissera pas l’Allemagne se substituer à elle pour les défendre.


ERNEST DAUDET.


P.-S. — Tandis que je corrigeais les épreuves de cette étude, est arrivée à Tunis la nouvelle de l’événement qui, en quelques heures, a mis la Turquie en état d’hostilité contre les puissances de la Triple-Entente. On prévoyait cette complication à laquelle on n’attachait d’ailleurs qu’une importance secondaire quant à l’influence qu’elle exercerait parmi les Musulmans, et en effet, loin d’ébranler leur loyalisme, elle leur a fourni l’occasion de le manifester en des conditions qui permettent d’affirmer que si le Kaiser, entraînant le gouvernement ottoman dans la guerre, a espéré provoquer dans l’Islam des soulèvemens contre la France, il s’est lourdement trompé. Les populations arabes ne sont pas disposées à se soulever et le message que le Bey vient de leur adresser, le langage officiel du cheik-el-Islam, de Tunisie, parlant au nom du Chara, ce tribunal qui représente la plus haute autorité religieuse de ce pays, les déclarations du chef du parti Jeune-Tunisien, le blâme universel infligé à la conduite du gouvernement Ottoman, dupe et victime des « basses intrigues allemandes, » ces protestations de dévouement et de fidélité à la France qui éclatent de toutes parts sous les formes les plus diverses, ne sont que l’écho des sentimens de nos protégés. Quoi qu’ait dit et fait notre ennemi pour les conquérir, quoi qu’il dise et fasse encore, ils préféreront toujours à la domination germanique qui ferait peser sur eux un joug de fer, le Protectorat de la France qui leur assure, avec les services d’un régime libéral et fort, les bienfaits de la civilisation. — E. D.