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peut s’étonner qu’elle ne soit pas depuis longtemps entreprise.

Les États-Unis ont fait bien plus, avec le président Roosevelt et le forestier Gifford Pinchot, en augmentant leurs forêts domaniales d’une surface plus grande que la France entière et inscrivant plus d’un milliard par an à leur budget forestier.

Ce n’est certes pas la faute du personnel des Eaux et Forêts, si l’effort forestier n’a pas pris en France un développement semblable, car ce personnel, dont la science et le dévouement sont au-dessus de tout éloge, n’a cessé de signaler les dangers qu’entraînait l’oubli des questions forestières.

Mais jusqu’à présent, — le ministre de l’Agriculture le disait en 1908, — « l’Administration ignorait les Forêts particulières, » qui couvrent cependant en France les deux tiers de l’aire boisée, les officiers forestiers étaient exclusivement chargés de gérer les forêts de l’État et des communes, aucun Conseil ou Comité spécial permanent n’était consulté sur la préparation des lois concernant la sylviculture privée, et la politique forestière flottait au hasard des conceptions parlementaires ou des expédiens financiers.

C’est seulement quand un règlement d’administration publique aura précisé les conditions dans lesquelles devra s’appliquer la loi du 2 juillet 1913, « tendant à favoriser le reboisement et la conservation des forêts privées, » que le personnel forestier pourra contribuer à la gestion des bois particuliers, compris pour la première fois dans un remarquable inventaire publié en 1912, par l’administration des Eaux et Forêts. La résolution de la Chambre votée le 13 mars 1908, qui a été le point de départ de cette belle publication, peut être considérée comme clôturant la longue période où l’Administration considérait les forêts particulières comme absolument étrangères à ses attributions.


III. — LA POLITIQUE FORESTIÈRE

Les opérations de la sylviculture diffèrent essentiellement, par leur longue échéance et par la périodicité de leurs produits, des opérations de l’Agriculture qui sont annuelles et donnent des produits annuels. Les résultats s’en font attendre pendant de longues périodes, plus d’un siècle parfois, et l’on peut dire