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laquelle elles sont présentées, quelques-unes parmi elles sont absolument inexécutables, même dans le cas où le Gouvernement serbe déclarerait les vouloir accepter. Ainsi, par exemple, les points 1 et 2 ne pourraient être exécutés sans un remaniement des lois serbes sur la presse et sur les associations, pour lequel le consentement de la Skoupchtina pourrait être difficilement obtenu ; quant à l’exécution des points 4 et 5, elle pourrait produire des conséquences fort dangereuses et même faire naître le danger d’actes de terrorisme dirigés contre les membres de la Maison Royale et contre Pachitch, ce qui ne saurait entrer dans les vues de l’Autriche. En ce qui regarde les autres points, il me semble qu’avec certains changemens dans les détails, il ne serait pas difficile de trouver un terrain d’entente si les accusations y contenues étaient confirmées par des preuves suffisantes.

Dans l’intérêt de la conservation de la paix, qui, au dire de Szapary, est précieuse à l’Autriche au même degré qu’à toutes les Puissances, il serait nécessaire de mettre le plus tôt possible fin à la situation tendue du moment. Dans ce but, il me semblerait très désirable que l’ambassadeur d’Autriche-Hongrie fût autorisé à entrer avec moi dans un échange de vues privé, aux fins d’un remaniement en commun de quelques articles de la note autrichienne du 10 (23) juillet. Ce procédé permettrait peut-être de trouver une formule qui fût acceptable pour la Serbie, tout en donnant satisfaction à l’Autriche quant au fond de ses demandes. Veuillez avoir une explication prudente et amicale dans le sens de ce télégramme avec le ministre des Affaires étrangères.

Communiqué aux Ambassadeurs en Allemagne, en France, en Angleterre et en Italie.

Signé : SAZONOFF.


Le projet de Sir Edward Grey et celui de M. Sazonoff étaient différens et ils pouvaient se nuire, dans un moment si critique où il ne fallait ni perdre une minute ni disperser les efforts. Mais tous les deux prouvent du moins combien la Russie et l’Angleterre désiraient trouver une solution pacifique du conflit. Que fait pendant cette journée le gouvernement allemand ? Les événemens du 25 n’ont point ébranlé son optimisme ; mais son attitude change encore une fois. Si, le 24, il semblait vouloir imposer à la Russie, par des menaces voilées, la localisation du conflit ; si, le 25, il s’était enfermé dans un optimisme passif et avait déclaré que, en cas de grave danger pour la paix européenne, il aurait consenti à intervenir avec les autres Puissances entre la Russie et l’Autriche, le 26, il revient à l’idée d’amener la Russie à abandonner la Serbie à son sort, mais par des procédés plus aimables. Il ne menace plus : il affirme qu’il veut la paix et que son désir de paix n’est même pas diminué par les premières nouvelles de la mobilisation russe qui, pendant